Chantal Caron / Comme une odeur de varech : Danses fluviales
Oiseau rare, et fascinante chorégraphe, Chantal Caron met le décor naturel de Saint-Jean-Port-Joli au service de son art avec sa nouvelle production Comme une odeur de varech, présentée dans le contexte de la Fête des chants de marins.
Reconnue pour son parcours hautement atypique, d’abord et surtout parce qu’elle a commencé à danser et chorégraphier de manière professionnelle dans la quarantaine, Chantal Caron impressionne par la passion quasi palpable qui l’anime. Mais aussi par sa démarche artistique toute personnelle, toujours inspirée par l’eau, l’élément dans lequel elle puise l’essence de ses spectacles.
Forte d’une tournée estivale qui fait (littéralement) courir les foules en centaines de Sept-Îles à Gaspé avec la production 1, 2, 3 les pieds dans l’eau, la femme de danse prend une pause pour plonger dans Comme une odeur de varech. Un nouveau spectacle, un work in progress en fait, qui promet de détenir la recette pour envoûter autant de gens. De surprendre au détour par cet alliage unique de la force de la nature et de l’humain propre au travail de Chantal Caron.
Sans dénaturer le style de l’artiste, (surtout) caractérisé par le in situ – le fait de présenter ses productions en plein air -, la pièce s’inscrit comme un pas en avant, une impression d’avoir peaufiné et donc noirci sa signature. "Comme une odeur de varech témoigne encore plus de mon univers. J’ai le sentiment de m’être pleinement trouvée", laisse savoir la chorégraphe, un sourire de fierté facilement discernable dans la voix.
Toujours très acrobatique, et encore plus avec ce spectacle présenté à Saint-Jean-Port-Joli, le langage chorégraphique choisi par Caron promet de se tenir loin de l’image hermétique de la danse moderne, sans pour autant verser dans la facilité. "Je suis une athlète avant d’être une danseuse. Il faut être en forme pour pouvoir danser pour moi!" rigole la principale intéressée en ajoutant que, cette fois-ci, ses interprètes bougent de manière beaucoup plus animale, pour un rendu franchement plus spectaculaire.
S’ajoute à l’offre visuelle, déjà riche, une ambiance sonore signée Pierre-Marc Beaudoin qui colle aux huit danseurs, mais aussi aux mouvements imaginés par Chantal Caron. "J’étais en showcase à Rideau quand j’ai rencontré Pierre-Marc. Ça a tout de suite cliqué entre nous, surtout à cause de son approche humaine, très simple", raconte la chorégraphe qui, loin de chômer et malgré la fin d’une exigeante tournée dans l’est du Québec, ira présenter La mémoire de l’eau à Cluny en France en plus d’enseigner la danse, le yoga et le Pilates à sa propre école à Saint-Jean-Port-Joli. Une (rare) preuve de la surprenante possibilité de vivre de danse en région envers et contre tous, et de devenir un pilier d’une scène culturelle naissante. Un modèle de créativité, mais aussi de démocratisation, pour l’expression corporelle hors des grands centres.
À voir si vous aimez /
The 605 Collective, Louise Lecavalier, Harold Rhéaume