S’il fallait synthétiser la posture d’Eddy King en un seul mot, on retiendrait sans doute swag, substantif urbain fourre-tout, mélange de port altier, de charisme débonnaire, de style étincelant et d’ego bien portant. Dès qu’il met le pied sur scène pour le rodage de son premier solo (excusons tout de suite la mise en scène approximative), King suscite l’adhésion. Le gars ne mentait pas quand il racontait avoir bourlingué dans les comedy clubs de Montréal et de Toronto.
Mais la magie King transcende la façade et la casquette à l’envers. Il faut de l’intelligence pour transporter d’entrée de jeu le public dissipé qui est celui de l’humour en été dans la très inflammable banlieue française de son enfance. Faut du doigté pour poser le cadre de référence qui est le sien (né dans l’Hexagone de parents congolais) tout en s’adressant à la multitude. Qui, déjà, disait que "l’universel, c’est le local moins les murs"? Il aurait très bien pu parler d’Eddy King.
On s’abstiendra donc de confiner notre homme à un rôle d’humoriste issu de l’immigration. Reste que peu de comiques ont réussi à disséquer, comme il le fait dans la deuxième partie du spectacle, les relations entre Québécois de souche et Néo-Québécois sans s’enliser dans une bête folklorisation (Boucar Diouf) ou nous saouler de facéties clownesques (Rachid Badouri). Vous vous ennuyez d’Anthony Kavanagh, des chiquenaudes amicales et honnêtes qu’il assénait à l’image immaculée de la Belle Province, terre d’accueil? Eddy King, s’il ne manifeste pas encore le même aplomb, marche dans ses pas.