Complexe des genres : Je t’aime… moi non plus
Témoin privilégié des affres de la vie affective et sexuelle de la génération Y, la chorégraphe Virginie Brunelle s’attaque au thème de l’estime de soi dans Complexe des genres.
À 29 ans, Virginie Brunelle affiche un parcours atypique et connaît un succès que bien des chorégraphes mieux établis pourraient lui envier. Arrivée à la danse à l’âge de 20 ans, elle se fait remarquer au spectacle du bac de l’UQAM avec une création qui conjugue un sens certain du punch chorégraphique et une approche crue d’une thématique qui frappe: la sexualité-consommation. Forte d’un coup de pouce de Dave St-Pierre et de l’appui d’agents de développement efficaces, elle se fait connaître ici comme en Europe avec cette oeuvre et avec le trio adultère de Foutrement, présenté au Théâtre La Chapelle en avril dernier. La voilà de retour avec Complexe des genres.
"La pièce parle des difficultés qu’ont les hommes et les femmes à se montrer et à s’accepter tels qu’ils sont à cause d’une faible estime de soi, et des conséquences que ça peut avoir dans les relations de couple, indique la chorégraphe. L’incommunicabilité vient d’une incapacité à accueillir l’autre et à s’y adapter, d’une résistance qui crée les confrontations, les maladresses et aussi du mental qui génère des émotions malsaines."
Jalousie, comparaison, perfectionnisme, insatisfaction… La lutte est âpre pour ces six personnages en quête d’amour et de bonheur. Et la souffrance est telle qu’ils flirtent parfois avec la dépression et les idées suicidaires. "Cette fois, ils arrivent quand même à une forme de lâcher-prise et à vivre dans le fameux moment présent", se réjouit Brunelle, qui ajuste sa vision du monde à mesure qu’elle le questionne dans ses oeuvres.
Comme à l’habitude, elle projette les corps dans l’espace, les fracasse sur le sol ou dans la rencontre avec l’autre, usant de la pointe pour les femmes (Isabelle Arcand, Claudine Hébert et Sophie Breton) et du porté pour les hommes (Simon-Xavier Lefebvre, Luc Bouchard-Boissonneault et Frédéric Tavernini) comme pour rendre leur tâche encore plus difficile. "J’adore les portés et j’essaie d’innover de toutes sortes de façons, lance-t-elle. Là, je me suis un peu inspirée de la dynamique de certaines passes de swing acrobatique."
Structurée en tableaux, la pièce est construite sur une trame musicale classique ponctuée de morceaux de pop. Attendue par les fans de Brunelle, déjà nombreux, elle l’est aussi par un milieu curieux de voir si la créatrice va tenir ses promesses. Grosse pression.