David Savard / Denise Filiatrault / Les fourberies de Scapin : Faire son cirque
David Savard tient le rôle-titre des Fourberies de Scapin de Molière, dans une mise en scène circassienne signée Denise Filiatrault. Comédie athlétique.
Après avoir tenu l’affiche à Montréal cet été, Les fourberies de Scapin de Molière s’arrête pour deux soirs à Québec. Dans cette comédie flirtant avec la farce, le valet Scapin, un personnage issu de la commedia dell’arte, aide deux jeunes hommes à faire accepter l’élue de leur coeur à leur père respectif. Cela, à grands coups de mensonges, de déguisements, de menaces, de bastonnades.
Devant ce feu roulant d’artifices et d’irrévérence, Denise Filiatrault opte pour une mise en scène circassienne. Un filon qu’elle avait déjà commencé à explorer lorsqu’elle s’était attaquée à ce classique en 1993. "L’intro est constituée de numéros de cirque, pour mettre la fête dans tout ça, pour montrer le côté fantaisiste de la chose, explique David Savard. Il y a du trampoline, de la jonglerie, des échasses, toutes sortes de trucs."
N’empêche, ces éléments s’intègrent à la production sans pour autant en faire un spectacle de cirque. Il s’agit toujours des Fourberies de Scapin, dont l’action se déroule au 17e siècle. "Mais comme c’est Denise Filiatrault qui le monte, il y a des anachronismes, des clins d’oeil, cette folie qu’elle aime apporter; rien de trop, juste un petit plus pour amuser les gens encore davantage", poursuit-il.
Visiblement enthousiaste, l’acteur confie: "Le personnage de Scapin est motivant. Ce n’est pas donné à tout le monde de tenir ce rôle mythique. Il y a beaucoup de valets qui se jouent de leur maître, mais lui a un but précis, il sait comment l’atteindre et il y arrive. Il n’est pas en train de pédaler pour s’en sortir. En plus, il est comme un Robin des Bois, il veut aider les jeunes à s’affranchir du carcan paternaliste, à avoir la liberté d’aimer."
Le comédien a aussi l’impression de retrouver l’essence du théâtre dans cette pièce, c’est-à-dire "quelqu’un qui se démène sur une scène et physiquement et verbalement pour faire rire les spectateurs". "Il est toujours drôle de voir des personnages en position de pouvoir se faire bafouer, ridiculiser", avance-t-il à propos de ce qui, selon lui, a permis à la comédie de traverser les époques.
Avec Les fourberies, pas question de se casser la tête; on veut que le public rie, qu’il ait du plaisir. Reste que les interprètes, eux, sont mis à rude épreuve. En plus d’avoir à posséder un texte recherché et à composer plusieurs personnages à partir de celui de Scapin, David Savard doit maîtriser une partition physique exigeante. En fait, toute l’équipe se livre à des performances hors de l’ordinaire pour donner vie à l’univers de saltimbanques imaginé par Denise Filiatrault.
"Elle est très directive, mais une fois qu’elle a eu ce qu’elle avait demandé, elle aime qu’on lui propose des idées", résume-t-il quant à sa première collaboration avec la metteure en scène. "Ce qui est impressionnant, c’est que cette femme de 80 ans se lève et te montre ce qu’elle veut que tu fasses." Une vivacité apparemment contagieuse… et bienvenue, compte tenu de l’incroyable quantité d’énergie que requiert sa prestation.