Rentrée 2011 / danse : Morceaux de choix
De la très foisonnante programmation en danse, notre journaliste a dégagé quelques propositions aptes à satisfaire votre curiosité chorégraphique.
Danse à 10
Connu pour ses créations hors normes in situ, le collectif La 2e Porte à gauche repousse les limites de ses explorations et s’éloigne résolument des sentiers battus en s’introduisant dans un bar de danseuses pour y traiter de séduction, d’érotisme et du corps-objet avec possibilité de danses en isoloir. Un projet passionnant servi par huit créateurs (dont Gravel, Lachambre, Oligny et Demers) et sept danseurs. Une invitation à prendre le risque d’un voyeurisme déclaré et d’une relation troublante avec les danseurs.
Les 18, 19, 25 et 26 septembre, au Kingdom Gentleman’s Club.
Solo 30X30, Bras de plomb et Cabane
Idéales pour enrichir sa culture chorégraphique: les reprises d’oeuvres de Paul-André Fortier pour les 30 ans de sa compagnie. D’abord, le fameux Solo 30X30 (30 minutes pendant 30 jours à la même heure au même endroit) et projets afférents. Ensuite, le mémorable solo Bras de plomb, créé en 1993 avec la plasticienne Betty Goodwin et transmis au danseur Simon Courchel. Enfin, l’ébouriffant Cabane, en duo avec Rober Racine.
Du 22 septembre au 21 octobre, à l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme; du 26 au 29 octobre à l’Agora de la danse; du 11 au 16 novembre dans des maisons de la culture.
Intérieur
À la fine pointe de l’innovation, la chorégraphe-performeuse Marie-Claude Poulin et l’artiste visuel et médiatique Martin Kusch inaugurent la Satosphère, théâtre immersif doublé d’un laboratoire culinaire. Projetées à 360°, les images 3D de l’univers mental d’une femme plongent le spectateur dans une expérience sensorielle inédite où images, sons, mouvements et plaisirs gustatifs se conjuguent pour renouveler ses perceptions du réel. Un buffet des plus appétissants.
Du 12 au 15 octobre, à la SAT.
Rodin / Claudel
Les Grands Ballets Canadiens de Montréal ouvrent leur saison avec ce ballet narratif pour 35 danseurs où le chorégraphe ontarien Peter Quanz revisite l’histoire d’amour mouvementée des célèbres sculpteurs français. À 31 ans, cet héritier de Balanchine a déjà signé une trentaine d’oeuvres et il est le premier Canadien invité à créer pour le célèbre Ballet Kirov. Une feuille de route qui laisse présager le meilleur pour les amateurs de néo-classique.
Du 13 au 29 octobre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
Fragments – Volume I
Sylvain Émard a eu un tel succès avec les méga-distributions de sa série Continental qu’ARTV vient de lui commander une minute chorégraphique. Dans un tout autre registre, il livre ici trois solos et un duo sur la thématique du sentiment d’urgence. L’actrice Monique Miller y fait notamment revivre d’anciens rôles dans une gestuelle minimaliste tandis que la talentueuse danseuse Catherine Viau y effectue ses derniers tours de piste.
Du 18 au 29 octobre, à la Cinquième Salle de la Place des Arts.
Gamaka et Namasya
La danseuse indienne Shantala Shivalingappa offre un autre joli panorama sur la danse avec deux programmes distincts. En dialogue avec des musiciens, elle consacre le premier à la danse classique indienne kuchipudi. Dans le second, elle danse des oeuvres contemporaines de Pina Bausch, Ushio Amagatsu, de sa mère et d’elle-même. (À surveiller aussi, à Tangente, la création de Mousson la nuit qui croise Inde classique et création contemporaine.)
Du 16 au 26 novembre, à la Cinquième Salle de la Place des Arts.
Festival Ardanthé
En collaboration avec le diffuseur français qui produit ce festival depuis 14 ans, La Chapelle souligne sa volonté de présenter les signatures fortes de jeunes créateurs. On retrouve à l’affiche le fantasmagorique Stéphane Gladysewski, l’iconoclaste Ivo Dimchev et la jusqu’au-boutiste Julie Andrée T. On y découvrira trois autres créateurs dont la Luxembourgeoise Sylvia Camarda, qui s’inspire du langage corporel des soldats-tyrans qui abusent de leur pouvoir.
Du 2 au 20 novembre, au Théâtre La Chapelle.
Dans la mire /
Septembre
Avril est le mois le plus cruel
de Jocelyne Montpetit
À l’Agora de la danse
Je parle et À tout prendre
de Françoise Sullivan
Au Musée McCord
Relay
d’Ame Henderson / Public Recordings
À l’Agora de la danse
Babel (Words)
de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet / Eastman vzw
Au Théâtre Maisonneuve
Octobre
Hello… How are you?
de Clara Furey et Céline Bonnier
Au Théâtre La Chapelle
Pow Wow
de Dany Desjardins
Au Théâtre La Chapelle
Novembre
In Between
de Lucie Grégoire
À l’Agora de la danse
EESTI: Throw Your Head Against the Wall
de Peter Trosztmer et Thea Patterson / The Choreographers
À Tangente
Involved
d’Andrew Tay et Sasha Kleinplatz / Wants&Needs
Au Studio 303
Le cycle de la boucherie
de Dave St-Pierre / Dance Works Rotterdam
Au Théâtre La Chapelle
Transsubstantiation n’est que le titre partiel et il me semble trop long. Pas inscrit au calendrier du voir, ce spectacle de danse durait 60 minutes. J’ai aimé le fait que les 2 interprètes soient de races différentes : c’est trop peu fréquent chez les artistes francophones. Une baignoire sur pattes (ancien modèle) prend de l’importance dans cette chorégraphie. Les projecteurs de couleur et des plumes bleues enjolivent le spectacle. Beaucoup de tiraillages, quelques longueurs cependant. Quelques phrases en français, anglais et créole. La petite salle du MAI n’était pas pleine pour cette soirée de première.
Hello How are you
Hello… est une performance complexe. Si les performeuses se livrent avec brio à des prouesses physiques parfois ardues et s’abandonnent avec générosité dans l’interprétation des personnages, réinventent l’espace scénique, créent des images fortes et savent provoquer, comme Léveillé et Saint-Pierre, en sollicitant nos regards gynécologiques, un fait inéluctable demeure : devant l’abondance de leur propos chorégraphique/narratif, Furey et Bonnier enrichiraient leur performance et la laissant sédimenter. Trouble comme un liquide amniotique, on s’y baigne et on se noie dans cette matrice ef/fusionnelle dans laquelle se confondent les thématiques si riches de la gémellité, du désir féminin et de sa sexualité, du rapport de domination de l’homme.
Bref, une belle performance qu’il faut toutefois écourter, afin de maintenir le spectateur alerte, en accélérant la cadence lors des changements de tableau, afin surtout qu’il puisse s’imprégner des images fortes telle que la femme d’argile..