Rentrée 2011 / théâtre : Du mordant pour la rentrée théâtrale
Dans le lot des nombreuses pièces de théâtre présentées cet automne à Montréal, voici quelques choix fort attendus.
Match
Le dramaturge et scénariste américain Stephen Belber avait attiré l’attention avec sa troublante pièce The Laramie Project qui relatait l’agression mortelle du jeune homosexuel Matthew Shepard au Wyoming, qui fut d’ailleurs adaptée au cinéma par Moisés Kaufman. Dans un registre moins sordide, sa pièce Match, jouée sur Broadway en 2004, confronte un ex-danseur de ballet et deux chercheurs qui enquêtent sur son passé trouble. Traduit par Michel Dumont, ce thriller psychologique construit comme un suspense annonce un duel féroce entre Robert Lalonde, en ex-danseur sournois et artificieux, Marie-Chantal Perron et Alexandre Goyette, aux intentions non moins suspectes, dans une mise en scène de Michel Poirier. Duplicité, tension sexuelle et coups imprévisibles promettent une comédie grinçante.
Chez Jean Duceppe, du 7 septembre au 8 octobre.
Blanche-Neige et la Belle au bois dormant
Derrière leur apparente candeur, les contes de fées racontent aussi l’infâme et le cruel de l’humain. L’Autrichienne Elfriede Jelinek en témoigne avec sa série Drames de princesses – dont était tirée Jackie l’an dernier – où elle donne la parole à des femmes de légendes, plus décapantes qu’enchantées. Sophie Cadieux incarnera deux d’entre elles, et non les moindres, dans Blanche-Neige et la Belle au bois dormant, où il est question, comme toujours chez l’auteure primée du Nobel de littérature en 2004, de subversion et de jeux de domination. Martin Faucher met en scène ces deux pièces qui promettent plus de fiel que de poudre magique. Un grand défi pour Sophie Cadieux, accompagnée d’Éric Bruneau et de Sébastien Dodge.
À l’Espace Go, du 13 septembre au 8 octobre.
Cantate de guerre
Fasciné par la violence qu’il a observée sous plusieurs formes, dont celle des traumatismes sexuels dans Dragonfly of Chicoutimi, créée en 1995 et remontée cet hiver à l’Espace Go, mais aussi dans La hache (2006), Larry Tremblay s’intéresse cette fois à la cruauté et l’aveuglement de la guerre, cet étau qui enferme et exclut. L’histoire d’un père qui forme son fils à devenir soldat lui permet d’aborder la transmission de la violence. L’auteur à l’imaginaire fantasque risque de nous ébranler à nouveau avec cette pièce mise en scène par Martine Beaulne (qui avait monté Ogre, du même auteur, en 1998) et interprétée, entre autres, par Paul Ahmarani.
Au Théâtre d’Aujourd’hui, du 20 septembre au 15 octobre.
La fin de la sexualité
François Létourneau, coauteur de la télésérie Les invincibles, mais aussi auteur de la pièce fort acclamée Cheech, propose cette fois un "docu-théâtre politico-sexuel" à propos d’un mystérieux projet clandestin monté à Washington sur la fin de la sexualité. Audacieuse proposition lancée par le Théâtre Ni plus ni moins, dans une mise en scène signée Frédéric Blanchette, qui fait aussi partie de la distribution avec Émilie Bibeau, Patrick Drolet, Patrice Robitaille, Catherine-Anne Toupin et François Létourneau. Saluons les retrouvailles de la bande à la chimie bien éprouvée, férue de comédies satiriques et sentimento-réalistes. Nos moeurs contemporaines risquent de passer encore une fois sous le scalpel.
À la Petite Licorne, du 3 octobre au 4 novembre.
Chaque jour
Après la fructueuse collaboration de Fanny Britt (comme traductrice) et de Denis Bernard dans The Pillowman (2009), les deux compères se réunissent à nouveau pour Chaque jour, la production fort attendue du Théâtre de la Manufacture relogé à la nouvelle salle de La Licorne. Dans la lignée de ses dernières créations, Enquête sur le pire et Hôtel Pacifique, Fanny Britt poursuit son étude des dérives modernes dans ce qui s’annonce être un autre portrait désolé de notre perte de repères. Avec un couple lié uniquement par le sexe qui découvre la beauté dans un i-Pod, l’auteure interroge la difficile introspection dans une société superficielle. Marie Tifo, Anne-Élisabeth Bossé et Vincent-Guillaume Otis tenteront de retrouver le désir égaré dans les dédales de la désillusion.
À la Grande Licorne, du 11 octobre au 19 novembre.
Récits de juin
Après le succès de Questo Buio Feroce au FTA en 2009, l’acteur et metteur en scène italien hors normes Pippo Delbono nous revient avec un solo autobiographique, au bonheur de ses nombreux fidèles! Confession intime et dépouillée, Récits de juin est une mise à nu de Delbono, qui y livre le récit de son arrivée au théâtre, sa rencontre avec son monde de marginaux, inspiré des textes de Pasolini, Sarah Kane et Shakespeare. Le dramaturge iconoclaste, virtuose d’un théâtre de l’humain, libre, poétique et souvent cru, où la déficience et le déséquilibre croisent le génie et la grâce, nous fait entrer dans son monde intérieur, nourri de son amour d’un théâtre qui ne cesse d’éblouir et de se mettre en danger. Émotions fortes assurées.
À l’Usine C, du 26 au 29 octobre.
Dans la mire /
Septembre
L’enclos de l’éléphant
d’Étienne Lepage / Th. Du Grand Jour
À Espace Libre
Le fusil de chasse
de François Girard
À l’Usine C
Blackbird
de David Harrower
Au Prospero
Extinction
de Thomas Bernhard / Serge Merlin / FIL
Au Prospero
Octobre
Tout ça m’assassine
de Dominic Champagne, Pierre Lefebvre et Patrice Desbiens / Th. Il va sans dire
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
Projet blanc
d’Olivier Choinière / L’ACTIVITÉ
Aux Écuries
Zoo 2011
de Gaétan Nadeau et Rodrigue Jean / NTE
À Espace Libre
Just Fake It
de Joe Jack et John
Aux Écuries
Novembre
Moi qui me parle à moi-même dans le futur
de Marie Brassard
À l’Usine C
Au champ de mars
de Pierre-Michel Tremblay
Au Théâtre du Rideau Vert
Mon frère est enceinte
de Johanna Nutter / Freestanding et La Manufacture
À la Petite Licorne
L’affiche
de Philippe Ducros
À Espace Libre
Contre le temps
De Geneviève Billette
Au Théâtre d’Aujourd’hui
Décembre
Gaëtan
de Marcel Pomerlo
Au Théâtre de Quat’Sous
L’école des femmes
d’Yves Desgagnés
Au TNM