Olivier Dubois : Bras d’honneur et autres inconvenances
Le Français Olivier Dubois pose un regard humoristique et décapant sur le statut de danseur dans Pour tout l’or du monde. Un solo qui fait un tabac partout où il passe et qui enrichit le volet danse des huitièmes Escales improbables de Montréal.
Qu’on traverse les scènes des plus grands théâtres ou qu’on s’adonne à la pole dance, être interprète est une façon de se prostituer, selon Olivier Dubois. "Mon corps m’appartient, me fait vivre. Je l’entretiens, crée des liens avec et c’est payé, lance le Français iconoclaste. Il y a une forme de prostitution dans tout ça, et aussi de soumission à l’oeuvre, et parfois à l’auteur."
Arrivé à la danse professionnelle dans la vingtaine, le danseur rondouillard a travaillé avec des artistes aussi prestigieux et diversifiés que Jan Fabre, Angelin Preljocaj et Céline Dion, avant de signer en 2006 sa première création: Pour tout l’or du monde. Un solo de 30 minutes à saveur biographique qu’il présente comme "une chronique du martyr", "un précis de guerre", un acte de résistance.
"C’est une sorte de bilan-analyse de la situation de l’interprète, précise-t-il. J’ai voulu donner une photographie des enjeux que cela implique, des responsabilités, du rapport avec le public, avec la part d’intimité qui est mise en jeu, et aussi, de cette surenchère qui fait qu’on en donne toujours plus au point d’y laisser sa peau. Mais l’art demande cet engagement et ce sacrifice." Alors Dubois sera recouvert d’or, comme ces martyrs que l’on sanctifie quand ils ont tout donné.
Si le regard est critique et la position irrévérencieuse par rapport à l’académisme et aux canons, le ton reste léger, avec une bonne dose d’humour et de distance, histoire de "ne pas sombrer dans le pathos". Et si la pièce prend la forme d’un manifeste, comme ses oeuvres subséquentes, c’est qu’elle témoigne d’une "prise de parole pour la survie", d’un état de lutte qui se veut militant plus que dénonciateur.
À l’affiche de deux programmes distincts, Dubois partagera la scène avec divers artistes, dont Greg "Krypto" Selinger, qui s’est illustré au dernier Fringe avec Body Slam Jam Project, The Choreographers, qui présentent Oh! Canada, et Caroline Laurin-Beaucage, qui revient dans Soak en duo avec le compositeur Martin Messier. Dans la journée, les danseurs d’Emmanuel Jouthe se lieront aux passants par casques d’écoute interposés sur les quais du Vieux-Port. Joli programme.
Un spectacle comme une histoire qui se déroule dans toute sa liberté et sa polysémie. Riche de trajectoires, de clins d’oeil, d’incursions dans nos consciences.
Un acteur en péril joue sa vie et se dévoile dans toute sa révolte et sa vulnérabilité.Cet homme sans paroles n’est pas muet.
Les gestes sont autant de cris.
J’adore ces escales improbables…