Alain Zouvi / La cage aux folles : Vrais mensonges
Scène

Alain Zouvi / La cage aux folles : Vrais mensonges

Alain Zouvi fait équipe avec Benoît Brière dans La cage aux folles, où ils interprètent respectivement Georges (le Renato du film) et Albin. Se travestir par amour.

La pièce La cage aux folles a été créée par son auteur Jean Poiret et le comédien Michel Serrault en 1973, avant d’être réécrite en 1979. "Ils l’ont tellement jouée pendant six ans qu’ils ont fait de nouvelles trouvailles. Ils ont été obligés de la rééditer parce que ce n’était plus la même pièce. Nous, on présente un mélange des deux versions", explique Alain Zouvi.

Entre-temps, soit en 1978, le réalisateur Édouard Molinaro et le scénariste Francis Veber portaient à l’écran cette comédie où un jeune homme demande à son père, un homosexuel propriétaire d’un club de travestis, de se faire passer pour un vrai mâle afin de gagner l’assentiment des parents ultra-conservateurs de sa fiancée.

Depuis, ces personnages et leurs péripéties ont rayonné bien au-delà des frontières françaises. "Tout le monde connaît le film, constate-t-il. On ne s’est pas dit: "Non, je n’irai pas là, ou oui, je vais y aller." Il peut y avoir des ressemblances, mais ça reste Benoît [Brière] et Alain qui interprètent La cage aux folles." Sans devenir un musical, le spectacle, mis en scène par Normand Chouinard, se démarque entre autres par l’intégration de numéros de cabaret.

Pour Alain Zouvi, il fallait surtout que le public puisse croire à la relation entre Albin et Georges. "Souvent, on pense que cette histoire est drôle parce qu’elle porte sur des gars qui se déguisent en filles. Mais l’essentiel réside dans le fait que ces gars déguisés en filles se redéguisent en gars par amour. On a donc misé sur la sincérité plutôt que de seulement jouer les grandes folles. Car la comédie est beaucoup plus efficace si on ressent l’amour de ces deux hommes", soutient-il.

Ce qui n’empêche pas son personnage d’accabler son amant de méchancetés. "Ils s’aiment, mais ils s’envoient promener du début à la fin d’une manière épouvantable. Il s’agit d’un vieux couple, qui s’injurie sur l’âge, le physique. Ce petit côté bitch est très comique. Le texte est tellement bien écrit, tellement efficace. On part avec une grande confiance. On lance nos répliques et on sait que les spectateurs vont se délecter."

Il a donc accepté sans la moindre hésitation lorsque Benoît Brière lui a proposé le rôle de Georges, alors qu’il le dirigeait dans Oscar. "Je trouve le travail de straight man formidable. Je dois jouer la même chose que Benoît et lui donner des tremplins pour qu’il puisse continuer", commente-t-il. Il se sent également privilégié de pouvoir travailler avec son fils, Frédéric.

"Il faut que les scènes aient l’air improvisées, vécues, parlées, donc on a une grande liberté, poursuit-il quant au caractère stimulant du spectacle. On dit les mêmes mots, mais la durée varie selon la réaction des spectateurs. On continue à découvrir des choses de soir en soir."

Après 55 représentations au Théâtre du Vieux-Terrebonne, il est en mesure de conclure: "La réaction du public est merveilleuse. Les gens apprécient surtout la complicité qui existe entre Benoît et moi. Ils nous disent qu’ils croient à ce couple." Exactement l’effet recherché.