Jean Asselin : De l'éloquence des corps
Scène

Jean Asselin : De l’éloquence des corps

Pour les 5es Rencontres internationales du mime de Montréal, Jean Asselin a composé une affiche qui tisse le lien entre mime et marionnette. Un programme composé de sept spectacles, de projections, de rencontres et d’une table ronde.

L’über-marionnette, vous connaissez? Issu d’un théoricien du théâtre, le concept a inspiré le maître Étienne Decroux dans les années 1940 pour l’élaboration du corpus du mime corporel dramatique; corpus bien plus riche que la pantomime de Marcel Marceau à laquelle la discipline est trop souvent réduite. L’image du mime est d’ailleurs si difficile à assumer que les compagnies qui le pratiquent préfèrent souvent parler de théâtre gestuel, corporel ou physique et même parfois de danse. On ne s’étonne donc pas de trouver à nouveau, dans la programmation des RIMM, Jocelyne Montpetit qui étudia avec Decroux et Jean Asselin avant de s’engager sur les voies du butô.

"Montréal est peut-être le lieu le plus ouvert à la découverte d’une oeuvre qui est substantiellement corporelle, mais qui offre les qualités d’une dramaturgie plus théâtrale", avance Asselin, metteur en scène à l’origine de la compagnie Omnibus et de ce festival triennal. Sur les quelque 35 compagnies candidates pour l’affiche de sa cinquième édition, sept offrent finalement un panorama sur la diversité des pratiques en France, en Belgique et au Québec. Dès 18h, quatre courtes formes ouvrent la soirée. Elles sont suivies de rencontres et de projections qui font le pont vers les trois spectacles de longue durée programmés à 20h. Le tout, dans les locaux d’Espace libre.

"Ce qui ressort cette année, c’est la fraternité des pratiques entre le mime et la marionnette, commente Asselin. J’appelle ça la mimésis de l’effacement. C’est une race d’acteurs qui ne se mettent pas au premier plan: leur personne est une icône et non une personnalité. Les artistes du festival ont tous ce caractère iconique, un peu comme une marionnette."

Parmi les étrangers invités, Claire Heggen y va d’un spectacle-conférence sur le sujet, Nicole Moussoux partage la scène avec des mannequins, et Michael Bugdahn et Denise Manura retracent 25 ans de création. Du côté de chez nous, en plus de Montpetit, Anne Sabourin et Christian LeBlanc présentent leur première création collective, le théâtre d’objet de Dany Lefrançois questionne la relation acteur/manipulateur et Marianne Lamarre adopte une démarche documentaire pour traiter de la mort.

Un rendez-vous avec des corps qui savent se faire éloquents et être porteurs de sens bien au-delà des mots.