Louise Naubert / L’implorante : Dialogue corporel
Méditation sur le mouvement et l’immobilité, L’implorante relate la rencontre d’une chorégraphe avec une Camille Claudel dévoilée à travers sa correspondance avec Auguste Rodin.
Louise Naubert narre avec éloquence la genèse de L’implorante, la dernière production du Théâtre La Tangente, qui ravivera le mythe Claudel-Rodin à l’occasion de la biennale Zones théâtrales. Avec l’aide de son conjoint Claude Guilmain, avec qui elle dirige la compagnie torontoise, la metteure en scène et interprète, enthousiasmée par sa fascination pour la sculpteure Camille Claudel, a entrepris des recherches colossales afin de dépoussiérer les correspondances que la mystérieuse artiste au destin tragique a entretenues avec différents interlocuteurs. Choisissant de se concentrer sur les lettres que Claudel a échangées avec son ancien enseignant et amoureux, Louise Norbert éclaircit: "Nous avons puisé à même une matière première non théâtrale pour en faire une pièce cohérente."
Dans la sculpture L’âge mûr de Camille Claudel, l’implorante est une jeune femme qui, impuissante devant la fuite de son amant, le voit rejoindre une compagne plus âgée. "La posture de l’implorante est captivante, car il est impossible de savoir si le personnage s’apprête à vivre une chute ou un renouveau", commente Naubert. L’oeuvre, que plusieurs interprètent comme un constat de l’inévitabilité du vieillissement, fait plutôt écho à la déchirure qu’a vécue Claudel lors de sa séparation.
Si la prose des amoureux écorchés résonne grâce à une immuable voix hors champ, la protagoniste de L’implorante, incarnée par la danseuse et chorégraphe Sylvie Bouchard, promet d’occuper tout l’espace scénique. Dans le récit imaginé par le tandem Naubert-Guilmain, le personnage, en visite à Paris, vit une rupture par voie de message texte, qui provoque une souffrance lui permettant d’établir un lien autant physique que psychologique avec le mythe Claudel. "Elle devient habitée par les voix des correspondants, les porte en elle", indique Louise Naubert.
L’implorante crée un dialogue entre la danse, dont l’émotion se transmet dans le présent à travers un jeu d’équilibre et de déséquilibre, et la sculpture, dont le mouvement, suspendu, porte, selon Louise Naubert, "l’émotion de ce qui le précède et de ce qui le suit".
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Eonnagata de Robert Lepage, CQ2 de Carole Laure