S’embrasent : Cure de rajeunissement
Forte d’un succès qui l’a portée aux quatre coins du Québec et en France, S’embrasent est rapatriée au Quat’Sous par le metteur en scène Eric Jean. Béatrice Picard ne dégrise pas de cette excitante aventure.
La pièce du Français Luc Tartar produite par le Théâtre Bluff en 2009 fait fureur partout où elle passe. Béatrice Picard a elle-même succombé au charme de ce morceau de vie amoureuse aux parfums d’adolescence. "La pièce était à l’origine conçue pour les ados, mais les adultes qui l’ont vue ont aimé ça", lance l’actrice, guillerette. S’embrasent abat les cloisons dressées entre les générations. Les adolescents d’hier et d’aujourd’hui sont aux prises avec les mêmes inquiétudes, croit l’actrice, mais l’époque commande tout de même ses moeurs. "On se posait autant de questions dans mon temps, mais on était plus renfermés. Aujourd’hui, les jeunes parlent d’amour ouvertement, mais je me rappelle ma jeunesse en écoutant la pièce. Ça m’aide aussi à comprendre mes petits-enfants."
Campée dans une cour d’école, la pièce raconte les réactions de plusieurs témoins d’un coup de foudre entre deux adolescents. "Avant d’écrire la pièce, Luc Tartar a fait des ateliers avec les jeunes et a pris conscience des problèmes qu’ils vivent", raconte Picard qui joue une octogénaire assistant au spectacle amoureux des adolescents. "J’incarne une sorte de sentinelle qui a beaucoup d’empathie pour ces jeunes-là. Je regarde les groupes qui se font et se défont, se battent, s’embrassent, et je finis par m’intégrer à eux et par retrouver un peu ma jeunesse."
Il n’y a pas que son personnage qui rajeunisse. L’actrice qui a joué dans plus d’une quarantaine de films et de téléséries a verdi en côtoyant quatre jeunes comédiens. "Eric Jean a l’habitude de travailler avec des jeunes. Il leur faisait faire des ateliers d’improvisation et, petit à petit, il m’a intégrée aux exercices. J’étais comme une enfant d’école! Je n’avais jamais fait ça. Je faisais la folle avec les autres."
S’embrasent apparaît comme un poème aux longs échos, un hymne à l’amour et au rêve qu’Eric Jean a enrobé de fantaisie. La pièce qui ne fait que 15 petites pages donnait au metteur en scène beaucoup de liberté. "C’est à la fois très poétique et très cru, explique Béatrice Picard. Il y a le côté statique de l’oratorio et la débandade totale et la folie pure d’un rave. La vieille se met même à faire du lip-sync!"
Luc Tartar est enchanté, dit-on, par le travail d’Eric Jean. Son ode à l’amour jouit d’un puissant pouvoir d’attraction et ça ressemble fort à un coup de foudre auquel sont conviés les curieux de tous âges.