Frères d'hiver : Rencontres aseptisées
Scène

Frères d’hiver : Rencontres aseptisées

Frères d’hiver est une émouvante ode à la découverte de l’autre, rythmée par la vertigineuse poésie de Michel Ouellette. Malgré une production anguleuse, la magie opère.

En ouverture, trois personnages, stoïques, sont dispersés sur la scène. Pierre (Pierre Simpson) s’approche du corps de son frère Paul (Alain Doom), quelques jours après que ce dernier eut mis fin à ses jours, laissant sa muse, Wendy (Lina Blais), baigner dans des questionnements qui témoignent d’une évidente vulnérabilité.

Bien que la pièce relate la rencontre, autant physique que métaphorique, qui unira les trois individus, les occupants du plateau ne s’adressent que rarement la parole, se définissant autant à la première qu’à la troisième personne. Frères d’hiver, un récit qu’a adapté et mis en scène Joël Beddows, assisté de Marie Claude Dicaire, aurait gagné à être davantage modifié afin d’épouser des codes théâtraux plus normatifs. Le trio d’acteurs, que domine un Alain Doom minutieux, peine à faire abstraction de l’isolement des personnages, contexte qui donne malheureusement aux mots, autrement sublimes, une dimension pompeuse.

La superbe scénographie, signée Brian Smith, se résume à un plateau sinueux, derrière lequel de sensuelles projections font écho aux émotions des personnages. Les costumes d’Isabelle Bélisle sont également réussis. D’ailleurs, celui de Paul, une robe vaporeuse, rappelle un messie dont la vraie nature ne peut être dévoilée qu’à travers ses écrits. Un objet de qualité, donc, mais dont la transposition au théâtre mérite d’être polie.

À voir si vous aimez /
La guerre au ventre, de Michel Ouellette, La face cachée de la lune, de Robert Lepage