Rock Steady / Katie Ward : Danse moléculaire
Scène

Rock Steady / Katie Ward : Danse moléculaire

Deux ans après Man and Mouse, le collectif The Choreographers revient au Théâtre Centennial pour présenter Rock Steady, une chorégraphie de Katie Ward.

"On crée en collectivité, et on soutient les créations personnelles de tout le monde", résume Katie Ward. La dynamique du collectif de danse The Choreographers (dont elle fait partie) semble harmonieuse, mais dans Rock Steady, la chorégraphe recherche l’instabilité, quitte à contrecarrer l’équilibre ambiant. Certes, la contradiction est imagée, figurative, mais pour les danseurs (Peter Trosztmer, Audrée Juteau, Patrick Lamothe, Ben Read et Allison Blakley), la tâche d’incarner cette tension est bien réelle.

"Dans la vie, les choses peuvent devenir instables", rappelle Katie Ward. Or, l’inspiration première de Rock Steady ne relève pas des aléas du quotidien, mais de la science. "J’ai commencé ma recherche en pensant à l’énergie. Notre monde est fait de matière, parfois solide, parfois gazeuse. Il y a des transformations qui se passent. C’est souvent invisible, abstrait, mais il arrive qu’on puisse les ressentir." Et la danse contemporaine constitue une source vive de ces forces intangibles.

Pour chaque type d’énergie, la chorégraphe a créé une manière de bouger, qu’elle sert de façon brute et théâtrale. "La chorégraphie est maximaliste, pleine de contrastes, de tableaux qui se terminent abruptement. Il n’y a pas de fil narratif. Chaque segment possède son atmosphère, mais les liens entre eux ne sont pas immédiatement évidents. J’aime ce côté-là. Ça donne la chance aux gens de se créer leur propre signification."

TOUT POUR LE ROCK

En anglais, l’expression rock steady peut désigner quelque chose de solide, fiable et ferme. On peut aussi y relier plusieurs éléments artistiques. "Rock Steady, c’est l’un des premiers groupes de break dance de New York. C’est aussi un genre de musique qui est venu juste avant le reggae; c’est juste un peu plus vite que le reggae."

Cette hétérogénéité de références au monde de l’art se retrouve dans le travail de Ward, mais Rock Steady demeure une oeuvre personnelle pour la chorégraphe. "J’essaie d’y explorer mon émerveillement devant la vie. C’est le bordel, mais c’est rafraîchissant à la fois. Il y a une esthétique de désordre, même si c’est très travaillé et rigoureux." Cette rigueur est-elle d’ordre scientifique? "Ça ne nécessite pas une pensée scientifique, mais je recherche des métaphores qui sont assez larges, qui me permettent d’explorer le mouvement de nouvelles façons. Il y a beaucoup de naïveté dans mes chorégraphies, mais je commence à partir de quelque chose que je peux comprendre intellectuellement."

En ce sens, c’est l’auteur-compositeur montréalais Snailhouse qui s’est chargé de la fondation musicale. "Ce sont des textures. Il avait carte blanche, tout en connaissant mes préoccupations, mes contraintes. Avec une palette restreinte d’instruments, il a conçu sa meilleure trame sonore jusqu’à maintenant. Ça se tient sans la danse; c’est une étude en soi. C’est inspiré, abstrait et émotionnel."

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L’avant-garde, Man and Mouse de The Choreographers, la musique de Snailhouse