Laurie Anderson : Sans fausses illusions
Laurie Anderson vient nous présenter Delusion, un spectacle multimédia à des années-lumière de ce qu’elle a offert lors de son dernier passage chez nous.
Le nouveau spectacle de Laurie Anderson, Delusion, répond à une commande du Barbican Centre de Londres et des Olympiades culturelles de 2010, à Vancouver, où il fut créé. Il regroupe différentes histoires inspirées des rêves de l’artiste multidisciplinaire. Jointe à Boston en début de tournée, elle précise: "Elles sont inspirées de ma vie intérieure, mais aussi de ma vie extérieure. J’y parle de politique, d’actualité, de mes amis, etc. Mais ça pose surtout la question de la différence entre la réalité et le rêve, ce qui n’est pas toujours évident pour moi, surtout qu’aux États-Unis, j’ai l’impression de vivre dans un rêve, dans une vie très surréaliste."
À propos des illusions et du monde politique, l’artiste est claire: "Je ne crois pas que les politiciens puissent sauver le monde. C’est l’argent qui mène le monde, pas les gouvernements. Je déteste dire ça, mais je ne crois pas qu’il soit possible de changer le monde. Étant une artiste, je reste optimiste et je crée."
Le spectacle a grandement évolué depuis ses premières représentations, où Laurie Anderson partageait la scène avec deux comparses musiciens qui ne sont plus de la production actuelle. "Ça ne marchait pas aussi bien que je le souhaitais et je me suis rendu compte que c’était "trop gros". J’ai souvent tendance à me dire "the more, the better", mais c’est le contraire, il faut simplifier. Avec eux, c’était plus musical, mais si je dois choisir entre plus de musique ou plus d’émotion, je choisis plus d’émotion." Ceux qui ont assisté au dernier passage de Laurie Anderson à Montréal, en juillet 2010 avec John Zorn et Lou Reed, ne seront pas fâchés de la retrouver seule cette fois-ci. "Oh! Ça a été une soirée vraiment folle! On n’avait pas notre place au Festival de jazz avec cette proposition." Elle ne renie cependant pas la collaboration avec ces deux artistes (Zorn participe à son dernier disque Homeland, et elle partage sa vie avec Reed).
Quoi qu’il en soit, sur la scène de l’Usine C, Laurie Anderson sera seule avec ses synthétiseurs, ses pédales, ses projections multiples et son alter ego masculin, Fenway Bergamot ("difficile de le laisser à la maison, celui-là!").