Kamel Guennoun – Les jours sont contés en Estrie : Il était une fois un pont
Scène

Kamel Guennoun – Les jours sont contés en Estrie : Il était une fois un pont

Le festival Les jours sont contés en Estrie reçoit Kamel Guennoun. Entretien avec un constructeur de ponts.

"Jeter des ponts". L’expression reviendra comme un leitmotiv au cours d’une lumineuse discussion sur le conte et ses propriétés fédératrices, voire cicatrisantes, avec Kamel Guennoun. "Ma démarche est humaine avant tout. Je veux combattre le racisme sous toutes ses formes et le conte est un excellent passeur pour ce message. Le conte, c’est un instant de paix partagé", dira le fils de père kabyle et de mère française, qui vient présenter au festival Les jours sont contés en Estrie Le serpent vert, adaptation d’un conte philosophique méconnu de Goethe sur l’entraide. "Mon univers, c’est plutôt le conte méditerranéen avec une forte couleur maghrébine, kabyle. Une couleur orientale, merveilleuse et fantastique, avec tous ces ogres et ces génies, tous ces personnages qui habitent dans les profondeurs de la terre ou qui viennent du ciel."

Mais Goethe, le romantique allemand du 18e siècle, champion des vifs transports émotifs, ce n’est pas tout à fait méditerranéen, non? Qu’est-ce que cette drôle d’association? Guennoun rigole. "Ça a souvent intrigué plein de gens. J’ai été fasciné par ce texte parce qu’il m’a touché intimement. On dit que le conteur se dévoile en restant voilé. Dans ce cas-là, je dévoile vraiment une part de moi-même. Goethe jette un pont symbolique entre l’Orient et l’Occident, ce qui correspond exactement à ma problématique personnelle, à ma double culture."

SAUVÉ PAR LE CONTE

Kamel Guennoun ne ménage pas ses mots quand il parle de sa pratique. "Le conte m’a littéralement sauvé la vie", confie celui qui a bourlingué de petits métiers en petits métiers avant d’être coopté par le festival Paroles d’Alès en 1987. "Ça a été une deuxième naissance pour moi."

Il livre aujourd’hui ses histoires avec passion, offrant ici ateliers et renouant là avec le conte tel que l’envisageait son aïeule grâce à La petite bête à cinq pattes, spectacle pour les trois à cinq ans. "Ma grand-mère faisait comme toutes les grand-mères du monde, elle nous endormait le soir avec des contes d’avertissement imprégnés de merveilleux. Aujourd’hui, je n’ai aucun scrupule à faire aussi dans le pédagogique. Moi, j’ai été sauvé et nourri par le livre, et si je peux donner l’envie du conte et du livre, j’aurai gagné ma journée."

"Étant le plus vieux de la famille, poursuit-il, j’ai toujours aidé ma mère à élever mes frères et soeurs. Compte tenu de mon tempérament, j’ai toujours été à l’aise avec les enfants. Je suis donc parti d’une comptine – la petite bête qui monte, qui monte, qui fait guili-guili – et j’en ai fait une grande histoire pour les tout-petits. Je travaille sur les répétitions, sur le son, je gesticule beaucoup, je fais des choses avec ma bouche."

Juges impitoyables que les bambins: "Avec eux, on ne peut pas s’appuyer sur son métier, sur son expérience. Il faut être vraiment là, totalement centré, dans la verticalité de l’être." Debout pour jeter des ponts, il va sans dire.

Le serpent vert
Le 14 octobre à 20h
Au Centre culturel Pierre-Gobeil

La petite bête à cinq pattes
Le 15 octobre à 10h
À la salle de Littorale

ooo

CINQ INCONTOURNABLES DU FESTIVAL LES JOURS SONT CONTÉS EN ESTRIE

AMOURS DE FEMME
Pierre Rosat célèbre l’amour tel que vu par l’écrivain suisse Charles-Ferdinand Ramuz.
Le 10 octobre à 20h à la salle de Littorale

FLEUR DE PEAU
Une discussion affectueuse entre un homme et une femme recèle moult occasions d’évasion, selon Bernadéte Bidaude.
Le 11 octobre à 20h à la salle de Littorale

LE CONTEUR ENDORMI
Quand Jean-Michel Hernandez se paie un petit roupillon, c’est pour mieux nous entraîner dans ses déambulations méditerranéennes.
Le 12 octobre à 20h à la salle de Littorale

DU SUD AU NORD
Toute petite la planète, constaterons-nous avec Kamel Guennoun et Jocelyn Bérubé.
Le 15 octobre à 20h au marais de la Rivière-aux-Cerises

UNE RUÉE VERS L’OUEST
Le légendaire Alain Lamontagne ponctue de ruine-babines un conte écrit par l’immense Jacques Ferron.
Le 16 octobre à 13h30 au Centre St-Matthew, Stukely-Sud