The Immortal World Tour : Beaucoup de chair, pas assez de tripes
Scène

The Immortal World Tour : Beaucoup de chair, pas assez de tripes

Après une incursion dans l’univers des Beatles avec Love, d’Elvis Presley avec Viva Elvis, le Cirque du Soleil se lance dans une autre entreprise périlleuse avec The Immortal World Tour en hommage à Michael Jackson, un spectacle de tournée qui deviendra permanent à Las Vegas au printemps 2013.

On aurait dû entendre battre le coeur de Michael Jackson dans The Immortal World Tour, le nouveau spectacle du Cirque du Soleil présenté en première mondiale, dimanche dernier, au Centre Bell. On aurait dû percevoir la complexité de l’homme tiraillé entre l’imaginaire enfantin et la réalité de l’âge adulte. Si peu de psychologie et tellement de danse. Un plus pour ceux qui veulent du rythme, de l’énergie, des moments Disney. Résultat incertain pour ceux qui souhaitent percer l’antre de la bête.

Et c’était toute une bête de scène, justement, ce MJ, mort le 25 juin 2009. Sa fougue, ce génie qui frôlait la folie, ses performances chorégraphiques révolutionnaires, ses chansons-cultes, gravées en mémoire autant que ce visage transformé, cette voix, ce sourire, ces scandales aussi et cette sensibilité extrême. Pourquoi ne pas l’avoir mise à l’avant-plan? Au lieu de cela, des tableaux consacrés à Neverland qui prenaient trop de place dans l’ensemble, tout comme ce clown en blanc qui ne suscitait pas l’attachement désiré dans ce vaste et impersonnel Centre Bell. Les spectateurs assis sur les côtés pouvaient-ils seulement voir les projections d’images, se sentir happés par elles?

Rien d’émouvant dans cette production de 60 millions de dollars mise en scène par Jamie King. On a plutôt assisté à une succession de tableaux au cours desquels danseurs et acrobates s’exécutaient sur les succès de Jackson.

Pour ce qui est des numéros de cirque, mis à part quelques contorsions peu banales, de sublimes numéros de sangles aériennes et des envolées impressionnantes au trapèze, c’est surtout la danse qui dominait. Oui, c’est une réussite en termes de qualité d’exécution, de précision chorégraphique.

Très fort, ce tableau sur Thriller avec cette danse des morts-vivants qui ont troublé le sommeil de tant d’enfants dans les années 80… Certes, il y a des moments nostalgiques en retrouvant Dangerous, You Are Not Alone, Scream, I Just Can’t Stop Loving You, ABC (adorable avec les "clowns" des Jackson Five), Beat It et ces souliers géants desquels sortaient deux MJ. C’était fort, monumental, mais où étaient les petites perles qui auraient fait en sorte que l’homme nous aurait soudain beaucoup manqué? Souhaitons qu’elles apparaissent d’ici quelques semaines, après peaufinage.