Sylvain Émard : Seul ce qui brûle
Scène

Sylvain Émard : Seul ce qui brûle

Sylvain Émard s’écarte des foules des célèbres déclinaisons du Grand Continental pour retourner à la scène avec Fragments – Volume I, un collage de trois solos et d’un duo pour parler de l’urgence.

En marge des productions festives qui ont animé les trois dernières éditions du Festival TransAmériques où se métissaient danse en ligne et danse contemporaine, Sylvain Émard a ressenti le besoin de retrouver un rapport plus intime avec les danseurs et de les placer au coeur même de la création.

"En leur demandant ce qui provoquait chez eux le plus grand sentiment d’urgence, j’étais sûr que quelque chose de vital et d’essentiel allait ressortir, explique le chorégraphe. Ça a d’ailleurs donné exactement ce que je cherchais: une présence vibrante parce que la pièce parle d’eux. Et les réponses sont si différentes les unes des autres que je pense retravailler sur le même thème dans le volume II."

L’idée de départ est de créer une bibliothèque de courtes oeuvres à associer librement pour composer des programmes différents. Celui qui nous est présenté est fait de pièces allant de cinq à 22 minutes, où on traite de l’impérieux besoin de ralentir pour reprendre un certain contrôle sur sa vie, de la compulsion à vouloir tout, tout de suite, et de l’urgence à combler le vide existentiel et affectif. On y retrouve Catherine Viau et Manuel Roque, de vieux complices de Sylvain Émard Danse, un nouveau danseur Laurence Ramsay et la comédienne Monique Miller que le chorégraphe avait croisée lors d’une collaboration avec le metteur en scène Serge Denoncourt en 1997.

"J’ai abordé le travail de façon différente dans chacune des pièces et je me suis permis, par exemple, de laisser une part d’improvisation dans l’ouverture du duo, ce que je n’avais jamais fait avant, confie-t-il. Évidemment, l’approche du mouvement a été plus technique avec les danseurs tandis qu’avec Monique, qui est une bête de scène, j’ai utilisé plutôt des images pour guider le mouvement et lui donner ses qualités. Nous étions d’accord tous les deux pour qu’elle ne joue pas mais qu’elle danse. Son langage est très minimal. Elle intériorise les émotions et les fait très bien ressentir."

Les férus de théâtre pourraient y discerner les ombres de personnages que l’actrice incarnait dans Désir sous les ormes et Vu du pont. Mais le mieux est sans doute de laisser résonner tout simplement le geste pour en saisir l’essence.