Alain Lamontagne : Au Centre St-Matthew
Scène

Alain Lamontagne : Au Centre St-Matthew

Les jours sont contés en Estrie affirme jusque dans son nom de festival qu’il essaime un peu partout dans les vallons des Cantons, pas juste à Sherbrooke. On nous l’avait dit, oui, mais on voulait le voir de nos propres yeux. Et c’est sur le chemin de la Diligence de Stukely-Sud, au Centre St-Matthew, la plus vieille église anglicane construite en pierres des champs de la région, qu’on a pris la mesure d’un succès à hauteur d’hommes et de femmes, édifié à l’huile de bras, depuis 19 éditions. Nimbé par la lumière que filtrait un somptueux vitrail à l’effigie du grand brun de Nazareth, Alain Lamontagne, le petit frisé de Montréal, s’est amené en chemise à carreaux de circonstance pour Une (rocambolesque) ruée vers l’Ouest. L’histoire est inspirée des Contes du pays incertain de Jacques Ferron décrivant le périple de François Laterrière, fils de Trompe-Souris, parti prendre femme et terre en Alberta.

Comédie musicale agraire pour un seul homme, ses harmonicas et ses pieds, le nouveau spectacle de Lamontagne, qui affiche 35 ans de "contage" au compteur, est un heureux prétexte à des chevauchées endiablées de podorythmie et à des corridas rougeoyantes de musique à bouche. Dimanche après-midi dernier, ce tintamarre résonnait jusqu’au jubé, roulait puis revenait amplifié, bruyant comme le Stampede de Calgary. Nous étions une cinquantaine dans les bancs, Lamontagne était seul à l’avant, en lieu et place de l’autel, mais c’est tout un peuple de sans-pays qu’on entendait souffler dans son harmo.