Eddy King : Nouvel aspirant
Scène

Eddy King : Nouvel aspirant

Le nouvel aspirant à la couronne de l’humour québécois s’appelle Eddy King. Portait.

Il y a des choses trop cool pour être vraies. Exemple: s’appeler Eddy King. « Ce n’est pas mon vrai nom », confirme l’humoriste, à l’aube de sauter dans l’arène du rire québécois avec son premier solo. « Ça remonte à tellement longtemps, à mes premières expériences de scène avec mon oncle. J’avais huit ou neuf ans, j’étais son sidekick. »

Le sobriquet allait coller et le petit Eddy passer de second violon à MC en prenant, plus tard, le devant de la scène au sein du groupe hip-hop montréalais Dögone Tribe. Malgré un certain succès, le rôle d’animateur de soirées que King tenait de plus en plus souvent ferait remonter à la surface son clown intérieur et aurait finalement le dessus sur le rappeur. Les rimes sur des beats, c’est bel et bien du passé? « Le hip-hop, maintenant, c’est très axé sur le bling-bling, le capitalisme, les dents en or, les bijoux en or. On jette de l’argent sur les filles. Moi, ce n’est pas trop mon genre de délire », explique celui qui retire rarement sa casquette de baseball (posée à l’envers sur sa tête). Q-Tip, Common, Mos Def et Public Enemy occupent toujours des places de choix dans son iPod.

Voilà pour le baptistaire, mais qu’en est-il de cette pointe d’accent hexagonal? D’où viens-tu, man? « Le Congo, c’est là où sont mes origines. La France, c’est là où j’ai vu le jour, où j’ai grandi. Le Québec, c’est ma maison », résume-t-il.

Du Québec, il raconte, encore amusé: « Je suis arrivé juste pendant le référendum [de 1995]. J’avais la même impression que lorsque tu vas chez des amis et qu’ils sont en train de se chicaner. »

Ce qu’il révèle au sujet de son premier séjour, enfant, au coeur du Congo de ses parents – « Ma réaction, je me souviens, ça a été: « Il n’y a que des Congolais à perte de vue ici! » Avant, les Congolais, ce n’était que ma famille. C’est facile d’avoir des préjugés quand tu es né en Occident » – nous invite à lui demander si son humour prend souvent racine dans l’indignation. Rappelons que le numéro qui l’a révélé en 2009 lors du Gala Juste pour rire de Rachid Badouri hachait menu Hergé et son album Tintin au Congo, pamphlet raciste selon certains, bédé pour le moins outrageusement caricaturale selon quiconque possède une paire d’yeux. « Ce qui est ridicule me fait rire, et Tintin au Congo, c’est ridicule », répond-il sobrement, sur le ton décontracté qui est le sien.

En plus de reprendre cet amusant exposé, beau prétexte pour tirer la pipe aux Blancs, King s’épanchera sur une rupture amoureuse, pourfendra le profilage racial et reviendra sur son ancien boulot d’intervenant auprès des jeunes du quartier Côte-des-Neiges. Il a, en fin d’entrevue, cette saillie au sujet du racisme à la québécoise. « Quand tu croises le racisme en France ou aux États-Unis, c’est in your face. Ici, il est dissimulé. Mais au moins, les racistes ont la décence de commencer leurs phrases par: « Moé, j’ai rien contre vous autres! » »

Sachant qu’il tient en admiration le très en verve humoriste américain Dave Chappelle, pas de doute qu’il trouvera une vanne à leur renvoyer. Et qu’il réussira à leur décrocher un sourire.