L'absence de guerre : Péril en la demeure
Scène

L’absence de guerre : Péril en la demeure

Avec L’absence de guerre, texte du Britannique David Hare, Les Écornifleuses et leur metteure en scène Édith Patenaude ont choisi d’offrir un spectacle résolument politique. Et elles ne s’en cachent pas.

La pièce relate le parcours d’un homme – George Jones -, candidat du Parti travailliste lors des élections de 1992 au Royaume-Uni. Pour la metteure en scène, ce contexte présente d’étroites ressemblances avec le nôtre: "Le spectacle suit le parcours de cet homme, grand orateur et chef du parti grâce à sa capacité incroyable de parler devant les foules avec passion. Il n’avait pas besoin de texte écrit. Devenu chef, il a toutefois dû se plier à la ligne de parti."

Cherchant à montrer "les limites de notre démocratie", le récit fait la part belle aux coulisses du pouvoir, mais également aux médias et au contact désincarné qu’ils induisent avec la chose politique. "Aujourd’hui, il y a tellement de filtres entre la politique et nous qu’elle ne nous atteint plus. Il est étonnant de voir notre peu d’intérêt pour la démocratie, tandis que des peuples se battent pour l’obtenir. Notre démocratie, nous l’avons organisée de façon à ce qu’elle fonctionne sans nous."

Si monter un spectacle ouvertement politique n’a rien de très glamour, Édith Patenaude voit dans les récentes manifestations de l’actualité de quoi conforter ce choix. "On ne peut pas tenir pour acquis que la politique n’intéresse personne. Ce qui désintéresse les gens, c’est ce qu’on fait de la politique."

Le spectacle cherchera ainsi à dépasser le vernis politique pour atteindre l’humain qui se cache derrière, le coeur battant. "Une course électorale, c’est effréné, effervescent. Les politiciens sont des passionnés et leur quotidien bouge, palpite. Avec les 13 comédiens, on a voulu recréer cette énergie-là, celle d’êtres humains avec leurs idées, leurs ambitions et leurs idéaux."

La mise en scène prendra des airs de "tragédie moderne", celle de l’homme qui disparaît, avalé par la machine, ce qui risque de présenter quelques échos avec notre actualité. "Nos politiciens sont bâillonnés. Qui, aujourd’hui, peut parler?"

Traversée par la nécessité de remettre l’humain au centre des préoccupations, la pièce s’attaquera donc à la politique avec les armes du théâtre. À mille lieues d’un cynisme dont on se demande s’il peut continuer d’avoir la cote.