Nabila Ben Youssef : Métamorphoses
Scène

Nabila Ben Youssef : Métamorphoses

Belle, sensuelle, Nabila Ben Youssef est également… politisée! Entrevue "sérieuse" avec l’humoriste aux racines tunisiennes.

Au moment de l’entrevue avec Nabila Ben Youssef, difficile d’opter pour un ton léger. De l’autre côté de l’Atlantique, un événement historique est en train de se produire: la Tunisie, son pays d’origine, dépouille les bulletins de vote de ses premières élections libres.

"Je suis extrêmement stressée depuis quelques jours, avoue d’entrée de jeu l’humoriste. Ça n’a pas été le cas lors de la révolution en janvier, car c’était soudain, on ne s’y attendait pas. Cette fois-ci, c’est différent. Car c’est là que le rêve va se réaliser ou pas; qu’on va savoir si ces gens qui ont été tués, si ces familles qui ont perdu leurs enfants vont vraiment un jour recevoir réparation."

Celle qui a récemment pris des vacances sur sa terre natale est tout de même heureuse des premiers effets engendrés par le printemps arabe. "Le plus grand changement que j’ai vu, c’est le bonheur et le soulagement chez les gens. Le bonheur de s’exprimer librement. C’est très nouveau chez les Tunisiens. Ils étaient tellement frustrés, tendus de ne pouvoir rien dire devant personne. Ils avaient peur. Et cette peur, tout d’un coup, s’est estompée. C’est extraordinaire quand un peuple n’a pas peur. La peur, c’est elle qui bloque tout: la création, l’envie d’être heureux. Elle est la pire des choses!"

Ces métamorphoses teintent d’ailleurs son spectacle Drôlement libre, qui explore les thèmes de la religion, de la sexualité et de la politique avec autodérision et sensualité. "Ça me fait réfléchir, ces changements qui n’arrêtent pas dans les pays arabes. Et ça arrive jusqu’ici. On le voit en Amérique: les gens en ont marre! Ils sont inspirés par le printemps arabe. Certains couchent depuis des semaines au centre-ville de Montréal ou de New York. Les gens qui se révoltent, c’est nouveau. Je pense que c’est devenu un printemps mondial, carrément!"

La tournée de Drôlement libre se terminant au printemps 2012, elle doit donc être excessivement inspirée pour l’écriture d’un nouveau spectacle, non? "Oui, surtout que je ne peux plus arrêter. J’aime de plus en plus la scène. Elle me passionne! Et avec tout ce qui arrive, je suis en bouillonnement et… il faut que ça sorte!"