S'envoler : Plus fort que la peur
Scène

S’envoler : Plus fort que la peur

Oeuvre fougueuse et ludique signée Estelle Clareton, S’envoler réunit 12 talentueux danseurs dans une savoureuse métaphore de la conquête de l’autonomie et de la liberté.

Auteure d’une trentaine d’oeuvres pour la scène et l’écran, Estelle Clareton compte aujourd’hui un quart de siècle en terre québécoise. Et c’est précisément d’un questionnement identitaire lié à son statut d’immigrante qu’est née, en 2010, la pièce S’envoler. "Vivant un tiraillement constant entre le lieu d’où je viens [la France] et celui où je vis, je me demandais où étaient mes racines et si je pouvais vraiment être libre si je n’avais pas de racines quelque part", raconte la fondatrice de Création Caféine.

Pour mieux coller à son sujet, la chorégraphe a choisi de s’inspirer des comportements des oiseaux migrateurs: collés comme une couvée d’oisillons pris entre la peur et le désir de découvrir le vaste monde, les 12 interprètes de S’envoler finissent par incarner une métaphore du passage à l’âge adulte et du processus d’individuation. Hésitations, maladresses et joie explosive des grandes envolées colorent ce portrait sensible et souvent drôle d’une humanité jonglant avec ses forces et ses vulnérabilités.

Au fil des reprises et des tournées, la pièce n’a guère changé, si ce n’est d’un passage où un loup vient jeter le trouble. "Il apparaissait comme une menace extérieure alors qu’il représente plutôt une angoisse présente en chaque membre du groupe, qui se relève avec l’arrivée de la nuit. J’ai aussi ajouté ensuite un solo pour Jamie Wright, qui danse en duo avec le loup, pour montrer qu’elle est allée au bout d’une peur, qu’elle l’a confrontée et qu’elle s’en est libérée."