Edgar et ses fantômes : Maître Edgar
Scène

Edgar et ses fantômes : Maître Edgar

Le gentleman Edgar Fruitier s’est entretenu avec nous à propos du spectacle à grand déploiement Edgar et ses fantômes et, du même coup, nous a amené sur une piste de réflexion à propos de l’appellation musique classique.

On pense souvent à tort que la musique symphonique se doit d’être livrée uniquement avec sérieux. Edgar Fruitier se montre très amusé par cette image véhiculée dans l’imaginaire populaire. Le spectacle dont il est la tête d’affiche, Edgar et ses fantômes, risque fort bien de briser ce mythe. "C’est un drôle de divertissement. Les gens s’amusent follement et ça n’a rien de didactique; on ne désire pas enseigner avec des conférences. C’est une pièce de théâtre divertissante et quelquefois émouvante, où les gens dans la salle rient énormément."

Quatre comédiens partagent la scène avec Edgar Fruitier, soit André Robitaille, Vincent Bilodeau, Jean Marchand et Sylvain Massé. À cette équipe de comédiens se joint un acteur imposant que l’on réserve généralement aux coulisses. "C’est un divertissement théâtral, mais avec un orchestre sur scène qui participe à l’action. Je ne sais pas si c’est nouveau, mais c’est rare. On est habitués qu’il y ait un orchestre dans la fosse, mais c’est une autre chose lorsqu’il est sur scène et qu’en plus, il joue un rôle! Il participe même parfois aux textes et il le fait à merveille, croyez-moi!"

Pour un mélomane tel que M. Fruitier, on devine que de faire partie d’une telle production relève pratiquement du rêve. Au dire du principal intéressé, c’est non seulement un rêve en tant que comédien qui se concrétise, mais aussi en tant que personnage. "C’est assez extraordinaire pour un acteur d’entrer en scène et de se faire dicter par son rôle de s’endormir. Oui, je m’endors! Je fais ensuite un rêve où les compositeurs Jean-Sébastien Bach, Mozart, Beethoven et Erik Satie viennent me visiter. Il y a une rencontre de ces caractères et ce ne sont vraiment pas des personnalités faciles à manipuler. Vous savez, Beethoven, il n’était pas commode!"

Qui a dit musique classique?

À la suite de l’énorme succès que les coffrets de disques Les grands classiques d’Edgar avaient remporté, la compagnie Octave, qui se chargeait de leur mise en marché, désirait atteindre les gens d’une autre façon. C’est ainsi que le concept d’Edgar et ses fantômes a pris vie en réunissant Normand Chouinard à la mise en scène et Normand Chaurette aux textes.

Ironiquement, quand on lui fait part de sa passion pour la musique classique, Edgar Fruitier se permet une question: "Comment définissez-vous la musique classique et, d’autre part, la musique populaire?" Après une vaine tentative de réponse de la part de l’auteur de ces lignes, celui qui prête sa voix au légendaire personnage de Montgomery Burns dans la version québécoise du dessin animé The Simpsons se montre très rassurant, non sans avoir fait entendre son célèbre rire. "C’est une question que j’aime beaucoup poser aux gens parce que, vous savez, je n’utilise jamais le mot classique quand je parle de musique. Ne vous en faites pas et ne vous créez pas de complexe d’infériorité avec ça, même le Larousse est incapable de définir la musique classique, alors on ne vous reproche rien. Ce n’est pas moi non plus qui suis capable de définir ça, car j’ai toujours l’impression que ça n’a jamais existé. Et quand on parle de musique populaire, qu’est-ce que ça veut dire? Est-ce qu’il s’agit de la musique du peuple ou bien est-ce la musique qui a de la popularité? À ce qu’on sait, la Neuvième symphonie de Beethoven est de la musique populaire."

Enfin, est-ce que M. Fruitier a parfois l’impression d’avoir fait le tour du jardin en matière de musique symphonique? "Bien sûr que j’ai entendu beaucoup de musique et que j’ai fait beaucoup de recherches, mais peut-être que j’ai réussi à trouver un pour cent de ce que je devrais trouver dans la vie. Donc vous voyez, à 81 ans, j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir."