Sous l’oreiller : Vu au Théâtre Léonard-Saint-Laurent
Il y a bel et bien de nouveaux accessoires ainsi qu’un fil conducteur – ténu, mais conducteur quand même – dans la succession de courts textes de cette version 2011 de Sous l’oreiller, mais j’en suis ressorti avec les mêmes impressions qu’après avoir vu sa première mouture en 2009. Même s’il s’agissait alors d’un laboratoire, les expérimentations théâtrales n’ont pas transformé docteur Jekyll en Mister Hyde. Porté par un Patrick Quintal en très grande forme, ce solo en "odorama" demeure une ludique incursion dans l’univers onirique d’un homme-enfant, un plongeon dans l’aquarium de la nuit.
Sous l’oreiller, les clins d’oeil littéraires (celui à Kafka manque de subtilité) ne portent pas ombrage aux jeux de mots (davantage à la Bruno Coppens qu’à la Marc Favreau) et à une imagerie absurde (comme ce rêve du voisin grincheux qui tond sa pelouse avec une telle intensité qu’il en vient à creuser une tranchée et, par le fait même, à causer sa perte); ce sont là les deux principaux moteurs de cette création sherbrookoise.
Alors que le personnage du narrateur-rêveur demeure insaisissable (quoique omniprésent), le directeur artistique du Théâtre du Double Signe séduit lorsqu’il joue avec vivacité les différents protagonistes de son labyrinthique récit.
Puisqu’il est toujours plaisant d’interpréter les rêves au petit matin, je dirais que ceux de Quintal tracent un chemin pour funambules, qui va de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Il est vrai qu’entre les deux, on passe la majorité de notre temps à rêver.