Dominic Champagne : Figures paternelles
Le boss est mort. Le gars de la shop d’Yvon Deschamps, lui? Toujours vivant. Précisions avec un admirateur, le metteur en scène Dominic Champagne.
"Je ne me souviens plus qui disait qu’au Québec, on avait le privilège que nos classiques soient nos contemporains. Ce sentiment m’habite présentement, comme si je montais un Molière ou un Racine." C’est Dominic Champagne le metteur en scène qu’on entend ici louanger Yvon Deschamps, alors qu’on fait revivre au théâtre son ouvrier timoré, alter ego scénique, dans Le boss est mort, mais aussi l’écho d’un enfant qui, déjà à l’âge de cinq ou six ans, se passait en boucle les vinyles du père de tous les humoristes québécois.
L’admirateur était donc un brin gaga quand il s’est attablé avec le comédien Benoît Brière, le scénographe Michel Crête et son maître. L’objectif: circonscrire les contours de la vraie pièce (pas question d’un best of) en dormance que cachaient – le comique en avait la conviction – ses cinq premières années de monologues, "des monuments de notre littérature, même s’ils ne sont pas toujours considérés comme tels".
Sans nier qu’entendre la philo de prolo de Deschamps dite non plus par son auteur, mais par monsieur B, pourra d’emblée choquer l’oreille des exégètes, Champagne se réjouit d’enfin rendre à l’oeuvre son caractère proprement dramaturgique. "J’ai d’abord demandé à Yvon jusqu’à quel point le gars qui parle dans ses monologues était un personnage. Le masque qu’il portait m’apparaissait plus ou moins clair, alors que pour lui, il est très évident, très précis. C’est comme si on n’avait jamais vraiment vu le personnage, parce qu’il n’a pas existé en dehors d’Yvon. Là, on l’éclaire sous un nouveau jour."