Tanztheater Wuppertal : La vie est une danse
Scène

Tanztheater Wuppertal : La vie est une danse

Deux ans et demi après le décès de Pina Bausch, le Tanztheater Wuppertal revient à Ottawa avec Danzón. Dominique Mercy, complice des premiers jours, figure parmi les 12 danseurs en scène.

"En plus d’un répertoire, Pina nous a laissé une façon de l’aborder, car elle l’a toujours repris avec une extrême précision et en empêchant toute routine possible", affirme Dominique Mercy, danseur qui a rejoint Pina Bausch en 1974 et qui assure aujourd’hui la codirection artistique de sa compagnie avec Robert Sturm, qu’elle avait engagé comme assistant artistique en 2000. "Bien sûr, on passe par des périodes de deuil, de manque, mais elle est présente de façon très concrète dans cette exigence, dans notre manière d’entretenir son répertoire en étant chacun responsable de soi et de l’ensemble."

Créée en 1995, Danzón compte parmi la douzaine de pièces qui tournaient déjà du vivant de cette figure majeure de l’histoire de la danse, qui donna une formidable impulsion au courant de danse-théâtre amorcé par son premier maître, Kurt Jooss. S’inscrivant dans la lignée esthétique de Masurca Fogo et de Nefés, déjà présentées au Centre national des Arts, la pièce s’ouvre sur des danseurs en couches-culottes et déroule le fil des destinées humaines dans une scénographie de Peter Pabst, qui immerge la scène, et parfois la salle, d’impressionnantes images de nature.

OEuvre plutôt légère en regard de la violence sourde des premières créations, Danzón a constitué une sorte de charnière au sens où Pina Bausch optait pour une distribution réduite à laquelle elle intégrait de jeunes danseurs et où elle s’essayait à une présentation sans entracte. Autre particularité: elle y dansait dans son premier et unique solo après celui du mythique Café Müller, créé en 1978.

"Composer avec l’absence de Pina était un défi, même si elle avait construit son solo de façon à pouvoir le retirer, explique Mercy. On a d’abord pensé à simplement laisser courir la musique avec le film [des poissons géants] puis, plutôt que de donner le rôle à la danseuse qu’elle avait choisie pour la remplacer dans Café Müller, on a voulu ouvrir un regard vers le futur en le confiant à un jeune danseur."

Respectant la volonté de Bausch de ne placer aucun interprète sur un piédestal et de laisser à tous, danseurs comme spectateurs, le champ le plus libre possible à l’interprétation du sens de l’oeuvre, Mercy reste réticent aux questions trop précises. De quoi attiser un peu plus notre curiosité.