Cabaret Gainsbourg : L’autre Gainsbourg
Quand Martin Genest s’est intéressé à Gainsbourg, il a pensé que son irrévérence était compatible avec celle des marionnettes de Pupulus Mordicus. Résultat: Cabaret Gainsbourg.
L’idée du spectacle, créé à Québec en avril dernier, remonte à 2004, alors qu’au hasard d’un coup de coeur musical, le metteur en scène Martin Genest découvre un Gainsbourg différent de celui, déglingué et plutôt antipathique, de ses souvenirs.
"C’était le dandy, le personnage plus frêle, timide, précise-t-il. Je me suis mis à lire sur lui et j’ai fait: "Wow, quelle vie trépidante!" Il a vécu la guerre, a été rejeté, n’a pas pu devenir peintre, a connu la popularité, la richesse, la décadence. Aussi, je ne pensais pas qu’il avait écrit toutes ses chansons et composé sa musique. Il est monté d’un échelon dans mon estime quand j’ai réalisé qu’il était un artiste, pas juste un personnage. C’était un humain sensible, rempli de talent. J’espère que les gens vont voir ce que j’ai perçu de lui, ce côté touchant dans le spectacle."
Il poursuit: "Le thème principal est l’opposition laideur/beauté. Pour moi, il s’agit de la cicatrice de Gainsbourg. Donc, j’ai beaucoup misé sur le contraste entre la beauté de la femme et ce qui peut être laid autour." Par ailleurs, Cabaret Gainsbourg n’a aucune prétention biographique. "C’est vraiment une fête, lance-t-il. Il n’y a pas de dramaturgie, en ce sens qu’il n’y a aucune histoire racontée. Mais la ressource sensible est Gainsbourg, sa jeune période, ce qui fait qu’on va le sentir tout le long."
Cela, au gré de chansons connues, provenant presque toutes de la compilation Du jazz dans le ravin et pour lesquelles Genest a imaginé des tableaux très diversifiés quant aux accents musicaux, aux formes d’art, aux tons et aux esthétiques. Le tout, exécuté par une distribution extrêmement polyvalente, chacun portant plusieurs chapeaux.
Malgré de nombreux clins d’oeil susceptibles de plaire aux exégètes, l’objectif était surtout de créer une expérience sensorielle accessible à tous. "J’ai envie que les gens ne s’arrêtent pas à un texte, mais se laissent enivrer par des images et de la musique, explique-t-il. Il ne s’agit peut-être pas du bon mot, mais c’est comme 18 petits vidéoclips où les spectateurs vont recevoir plein d’impressions."