Marc Boivin et Laurie-Anne Langis : S’envoler
Tel un bon vin, les 16 finissants de LADMMI seront fin prêts à prendre leur envol professionnel l’été prochain. Avant-dernier arrêt avec Cru d’automne, un programme de trois chorégraphies originales.
Pour marquer cette avant-dernière étape, Cru d’automne permettra de constater l’expérience acquise par les étudiants au cours de leur formation de trois ans à LADMMI. Pour ce faire, l’École de danse contemporaine a fait appel à trois chorégraphes aux esthétiques différentes: Marc Boivin, Sasha Ivanochko et Lise Vachon.
Danseur et chorégraphe, Marc Boivin est également professeur à LADMMI depuis de nombreuses années. Il a créé pour les 16 danseurs Partition, une oeuvre pour grand groupe inspirée d’Ave verum corpus, un chant liturgique. "J’étais dans un studio à Berlin et un ensemble vocal répétait dans une pièce adjacente. J’ai été frappé par l’opposition entre les moments de grâce où le groupe chantait et les moments de travail pour y arriver. C’est l’inspiration de la pièce: l’effort et l’ardeur qui doivent être investis pour arriver à transcender le quotidien."
Une thématique qui correspond parfaitement à la réalité du métier d’interprète. Pour arriver à transmettre cette relation entre le travail et la grâce, Boivin a donc fait appel à l’Ensemble Kô, un groupe vocal, et à la compositrice de musique actuelle Diane Labrosse qui a manipulé et déconstruit la partition pour la reconstruire autrement.
Au final, Partition est une proposition très épurée, sans scénographie ni théâtralité, entièrement axée sur le mouvement, fidèle à l’approche kinesthésique de Boivin. "Je me suis permis de faire la pièce que j’avais envie de créer en partant de matériel qui m’appartient, sans me donner de limites, assure-t-il. Le seul souci plus pédagogique qui m’a animé a été de ne pas favoriser certains danseurs plus que d’autres."
De l’école à la scène
Laurie-Anne Langis fait partie de cette cohorte qui mettra bientôt les pieds dans le monde professionnel de la danse. Ce spectacle représente pour elle une étape importante. "Je me suis sentie poussée au maximum. C’est vraiment intéressant aussi de pouvoir travailler avec des chorégraphes différents comme Lise Vachon, qui explore plutôt la féminité, la douceur et la volupté, et Marc Boivin, qui est plus physique", explique-t-elle.
Elle n’est pas sans savoir que le passage vers le monde professionnel risque d’être ardu, mais elle sent qu’un cycle se termine. "Psychologiquement et physiquement, je me sens prête à passer à une autre étape, même si je sais que la danse est un travail à long terme. Heureusement, on a la chance à Montréal d’avoir une très belle scène", constate-t-elle.
Quant à Marc Boivin, il croit que les finissants ont tout ce qu’il faut pour bientôt voler de leurs propres ailes: "Évidemment, on ne devient pas danseur en trois ans; on ramasse les outils qu’il faut pour bien travailler et pour se bonifier avec le temps." Pour la suite, seul l’avenir le dira.
La distribution était nombreuse dans le spectacle étudiant «Cru d’automne» présenté par l’École de danse contemporaine (LADMMI). Divisé en 3 chorégraphies, ce spectacle durait environ 1 h 45, en incluant l’entracte. Le public était nombreux à l’occasion de cette soirée de première. Si la 1re chorégraphie débutait au son du piano, elle se terminait au son de la chanson sulfureuse de Serge Gainsbourg, «Je t’aime, moi non plus». Comme dans une danse à 2 vitesses, c’était réussi et j’ai bien apprécié ces 8 robes de soirée et les mouvements qui accompagnaient cette chanson.
La 2e chorégraphie était composée par des couples qui s’unissaient dans un but de rapprochement. Ils sont toujours 2 sur cette scène alternant entre les couples masculins, féminins ou un mélange des deux. C’était sexy, mais peut-être un peu trop violent, car il y avait beaucoup de confrontations. La 3e chorégraphie terminait cette soirée au son d’une musique envoûtante, semblable à de la musique religieuse et débute avec un travail au sol des interprètes pour ensuite se transformer en travail debout et pas mal plus énergique. Les interprètes des 2 premières chorégraphies se réunissent à cette occasion et la scène se retrouve occupée par les 16 jeunes interprètes. L’atmosphère était mystérieuse mais manquait d’entrain selon mes goûts personnels.