Boules à mythes : Vu au Centre des arts de la scène Jean-Besré
Disons d’abord à la décharge de Jean-François Hamel que le niveau de difficulté du premier laboratoire de création présenté par son Théâtre de la Baie des Cochons vendredi dernier, Boules à mythes, était pour le moins élevé. Nombreux avant lui ont été les artistes à se casser les dents en approchant le complexe et sensible sujet de la religion.
Transformé en bouffon, l’auteur venait donc nous annoncer une crise insoluble en reprenant la formule d’un certain Friedrich: Dieu est mort. Un prétexte pour ausculter le rapport à la spiritualité d’un Québec ayant liquidé l’Église catholique ainsi que les liens qu’entretiennent le politique et le religieux.
Malheureusement, Hamel s’est entêté à défoncer des portes ouvertes. Pourquoi consacrer autant de temps à répéter que lire la Bible au pied de la lettre, comme le font certains illuminés, tient de la folie pure (on avait déjà remarqué) ou à postuler que la surconsommation et la technologie anesthésient notre quête de transcendance (une idée reçue servie par des blagues usées à la corde sur Apple)?
Malgré une performance fougueuse, le comédien n’a pas su justifier cette résurrection du bouffon, s’incarnant ici en bibitte au ton didactique prenant à partie son public (bonne façon de se l’aliéner). Comme témoin inquiet d’une société en perte de repères, l’humoriste Guillaume Wagner, vu il y a quelques semaines, décapait nettement plus, parce qu’il n’avait pas peur de la méchanceté, et suscitait davantage l’adhésion, parce qu’il s’avouait d’emblée lui-même coupable de l’immobilisme qu’il décriait.