José Navas : Le divin en soi
Scène

José Navas : Le divin en soi

Après Miniatures, José Navas poursuit sa trajectoire de création avec Personæ, un crescendo de six solos où le divin rencontre le désir.

Il a les yeux perçants qui scrutent l’âme comme un livre ouvert. Rencontrer José Navas, tout comme le voir sur scène, c’est d’abord devoir faire face à sa propre présence à soi, à la façon d’habiter cette peau qui est la nôtre.

Cet éveil du corps dansé, cette "méditation en mouvement" sous-tend tout le travail de Navas et fait de lui cet interprète si unique. "Le travail de soliste, c’est ma façon d’être en connexion avec le public et de donner aux gens la possibilité d’être en contact avec le moment présent, d’être vrais. C’est cette présence qui nous aide à trouver des moments de grâce."

Cette part de grâce en l’humain est au centre de la nouvelle création de Navas, Personæ – "personnes" en latin. "La liaison entre divinité et désir est la colonne vertébrale du spectacle. Il y a une grande connexion qu’on refuse de voir entre le désir, le charnel, le sexe et ce qu’on imagine de la divinité", constate-t-il.

À partir de cette recherche, le spectacle a évolué en six solos où l’artiste suit une trajectoire: "Je commence avec une pièce très religieuse de Vivaldi et termine avec le Boléro de Ravel, souvent perçu comme une musique orgasmique et qui est une de mes musiques fétiches." Navas intègre d’ailleurs dans ce dernier solo un clin d’oeil à la célèbre version créée par Maurice Béjart qui l’avait fasciné lorsqu’il l’avait vue pour la première fois au Venezuela, son pays natal, à l’âge de 14 ans.

De Bruges à Montréal

Présentée en première à Bruges le printemps dernier, Personæ reprend la même formule que Miniatures: série de solos dans un espace dénudé avec pour seule présence celle de l’interprète. "C’est un défi que j’aime beaucoup, danser sans rien autour et créer un univers en communiquant seulement avec le mouvement."

À la différence de Miniatures, autobiographique, subtile, à la mise en scène organique, Personæ fait toutefois place à des personnages et mise sur "les couleurs et l’exagération, avec un côté plus habillé, sexuel", relate Navas. "J’y parle de l’humain, mais ça reste moi, mes expériences et ma fascination pour le mouvement. Car dans la vie d’un artiste, tout ce qu’on fait parle de nous, finalement."