Fin de partie : En attendant la fin
Scène

Fin de partie : En attendant la fin

Après En attendant Godot en 2006, la Bordée présente cette fois Fin de partie, avec entre autres le comédien Jacques  Leblanc.

Le texte de Samuel Beckett relate la dernière journée d’une famille séquestrée. "On ne sait pas trop ce qui s’est passé aux alentours, précise Jacques Leblanc. Il n’y a plus personne sur terre, du moins c’est ce qu’eux croient. Ils sont isolés, la nature est morte et ils vivent là dans l’attente de mourir."

Écrite au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la pièce met en scène deux tandems: Nagg et Nell, confinés à leur poubelle, et Hamm et Clov, l’aveugle paraplégique et son fils adoptif, interprétés par Jacques Leblanc et Hugues Frenette. En plus de devoir se fier complètement à ce dernier, qui promènera son fauteuil roulant, Jacques Leblanc fera face à un autre défi de jeu: "L’oeil est quelque chose qui exprime beaucoup, au théâtre et dans la vie. Là, j’ai les yeux cachés avec des lunettes complètement noires. Et s’ajoute à cela le fait de ne pas bouger. La metteure en scène [Lorraine Côté] m’a même demandé de limiter mes mouvements du corps et de m’exprimer par la parole. Or, je suis une personne qui bouge quand même pas mal…"

Dans ce qui aura les airs d’une maison de villégiature en bord de mer, les deux duos livreront leurs dialogues aux riches absurdités. "On se trouve dans la cave, d’où on voit le plancher défoncé, les fenêtres très haut et la porte à laquelle on accède grâce à un escabeau, ce qui va nous indiquer la petitesse de l’être humain. Et aussi, qu’on est plus bas qu’on ne pouvait l’être."

Si ce décor post-apocalyptique renforce les lignes denses de Beckett, la production a néanmoins eu le souci de ne pas viser la densité à tout crin: "Comme c’est un auteur assez philosophique, il faut arriver à dire toutes ces phrases-là sans que ce soit trop lourd. Le public a à faire un bout de chemin, mais on a cherché à lui dégager de l’espace, par exemple en donnant, disons, une légèreté à certaines répliques qui ont pourtant une résonnance énorme. Au final, cette pièce parle de notre pauvre condition d’être humain sur terre. De notre tendance à s’autodétruire. En plus d’être face à une finalité inévitable, on est trop innocents pour faire que ce soit doux."