Scène montréalaise cet hiver : Rentrée de risque et de tradition
Rentrée culturelle - hiver 2012

Scène montréalaise cet hiver : Rentrée de risque et de tradition

Parmi la pléthore de spectacles que la scène montréalaise offre cet hiver, plusieurs créations québécoises sont attendues, mais aussi beaucoup d’adaptations de classiques signées par des metteurs en scène aguerris et un théâtre qui dialogue avec l’histoire.

Des classiques venus à nous

Première adaptation qui promet de nous emmener ailleurs, le célèbre Opéra de quat’sous sera mis en scène par Brigitte Haentjens, qui n’a pas l’habitude de se frotter au théâtre réaliste. Jean Marc Dalpé, réputé pour la délinquance de sa langue aux accents populaires, déplace l’action que Bertolt Brecht ancrait à Londres dans le Montréal de 1939. Avec 23 acteurs et musiciens dont Sébastien Ricard qui incarnera le fameux Mackie, L’opéra de quat’sous des productions Sibyllines ne devrait pas être banal. Présenté à l’Usine C du 24 janvier au 11 février.

UBU amène un autre texte mythique sur les planches du TNM du 13 mars au 7 avril. On a hâte de voir ce que Denis Marleau fera avec L’histoire du roi Lear traduite par Normand Chaurette, une pièce qui n’a de cesse de renvoyer ses échos au monde moderne, à notre absurde condition, notre errance et notre fragilité. Marleau monte son deuxième Shakespeare en 30 ans et Gilles Renaud se glissera dans la peau de l’épique roi en perdition.

Nous aurons enfin droit au cycle Des femmes de Wajdi Mouawad, qui a défrayé la chronique l’an dernier. On est curieux de voir si l’adaptation des célèbres tragédies de Sophocle sur ces héroïnes aux prises avec la justice et la solitude de leur combat brillera sans Bertrand Cantat qui signe la mise en musique des choeurs et dont on dit que les compositions apportent la modernité à la pièce. La trilogie traduite par Robert Davreau réunit Les Trachidiennes, Antigone et Électre et sera présentée du 4 mai au 6 juin au TNM avec l’incandescente Sylvie Drapeau.

Créations engagées

Jusqu’au 4 février, au Théâtre d’Aujourd’hui, on pourra assister au fruit d’une rencontre féconde: la nouvelle création d’Olivier Kemeid inspirée de la vie de Sasha Samar, un acteur ukrainien qui a offert son récit à l’auteur. Moi, dans les ruines rouges du siècle visite la Russie communiste à travers la quête de vérité d’un Soviétique au destin atypique. Avec Annick Bergeron, Sophie Cadieux, Geoffrey Gaquère et Robert Lalonde.

Fidèle partisan du risque, Christian Lapointe donnera quant à lui la parole aux morts avec Sepsis, une oeuvre multidisciplinaire qui clôt son Cycle de la disparition entamé avec C.H.S. en 2007. L’idée de mettre en scène des cadavres qui revivent leur vie à travers la mort laisse présager une expérience insolite, en continuité avec la démarche exploratoire du dramaturge et de son Théâtre Péril. Le sacré croise le discours social dans une pièce qui s’annonce déstabilisante. Du 17 au 21 janvier à La Chapelle.

On a hâte de voir le premier volet de l’étonnante saga du NTE avec L’invention du chauffage central en Nouvelle-France, qui explore le thème du froid depuis la fondation de Québec en 1608 jusqu’à la crise du verglas de 1998. Le texte d’Alexis Martin mis en scène par Daniel Brière aborde l’histoire sous un angle inusité, fidèle à son approche anticonventionnelle de l’histoire. Émilie Bibeau, Pierre-Antoine Lasnier, François Papineau et Danielle Proulx vivront le grand choc thermique à l’Espace libre à partir du 7 février.

Après le succès fulgurant de L’affiche qui s’intéressait à l’endoctrinement religieux en Israël, Philippe Ducros poursuit sa démarche d’un théâtre politique avec Dissidents, qui se penche sur les dérives de la soif de progrès de notre civilisation. La première collaboration de l’auteur avec le Théâtre PÀP est prometteuse et Patrice Dubois, qui signe la mise en scène, jouera aussi l’homme enfermé en cellule d’isolement aux côtés de Marilyn Castonguay, Sébastien Dodge, Éveline Gélinas et Pierre-Marc Ouellette. Du 6 au 31 mars à l’Espace Go.

Du 24 avril au 19 mai, l’Espace Go accueille ensuite la nouvelle création d’Evelyne de la Chenelière, mise en scène par sa fidèle collaboratrice Alice Ronfard, qui lui a proposé l’adaptation d’un roman de sa mère, Marie Cardinal. Une vie pour deux traite de l’obsession amoureuse vécue par un couple qui réécrit l’histoire d’une femme morte. Violette Chauveau et Jean-François Casabonne accompagnent de la Chenelière sur scène.

Mentionnons aussi quelques incontournables parmi les nombreuses reprises. L’audacieuse mise en scène de La noce de Bertolt Brecht signée Gregory Hlady, qui en a fait une farce truculente, est reprise au Prospero du 24 janvier au 11 février. Le Gesù présente Caligula (Remix) de Marc Beaupré du 15 au 17 février, une relecture brillante de l’oeuvre de Camus, avec Emmanuel Schwartz. Et l’étonnante Jocaste de Mariana Percovich sera reprise à l’Espace libre du 24 février au 12 mars.

ooo

Agenda /

Orphelins
Dennis Kelly / Maxime Denommée
Jusqu’au 18 février
À La Grande Licorne

Tristesse animal noir
Anja Hilling / Claude Poissant
Du 17 janvier au 11 février
À l’Espace Go

Musique pour Rainer Maria Rilke
Sébastien Harrisson / Martin Faucher
Du 20 janvier au 8 février
Au Théâtre Denise-Pelletier

La guerre
Sébastien Dodge
Du 14 février au 3 mars
À la salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d’Aujourd’hui

Croire au mal
Jérémie Niel
Du 21 février au 3 mars
Au Théâtre La Chapelle

Après moi, le déluge
Lluïsa Cunillé / Claude Poissant
Du 21 février au 18 mars
Au Théâtre de Quat’Sous

Après moi
Christian Bégin / Marie Charlebois
Du 13 mars au 14 avril
À La Grande Licorne

Je pense à Yu
Carole Fréchette / Marie Gignac
Du 3 au 28 avril
Au Théâtre d’Aujourd’hui

Emovere
Pascal Chevarie / Eric Jean
Du 24 avril au 20 mai
Au Théâtre de Quat’Sous

L’éclipse
Joyce Carol Oates / Carmen Jolin
Du 24 avril au 19 mai
Au Théâtre Prospero

Billy (les jours de hurlements)
Fabien Cloutier / Sylvain Bélanger
Du 30 avril au 18 mai
À La Petite Licorne

Playtime!
Céline Bonnier
Du 1er au 19 mai
À l’Espace libre