Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges : Briser les entraves
Scène

Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges : Briser les entraves

Gill Champagne met en scène Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, dans une adaptation du roman de Michel Tremblay signée Serge Denoncourt.

On retrouvera sur les planches Thérèse, Pierrette et Simone, les trois écolières sous la férule de mère Benoîte, religieuse autoritaire qui ne manque pas d’humilier les jeunes sur la base de leur pauvreté ou de leur origine sociale. "Il ressort de cette pièce un portrait politique des années 40, souligne Gill Champagne. Un portrait très social, aussi, de l’éducation, de l’emprise qu’avaient le clergé et la religion sur les gens de cette époque. Et un portrait des femmes "ordinaires" qui ont été capables de dire aux directions ce qu’elles pensaient et ce qu’elles étaient en tant que femmes."

Ces combats qui annoncent la Révolution tranquille, ce sont entre autres ceux d’une religieuse qui défroque et d’une mère qui se lève pour s’opposer à la direction, mais aussi celui de Thérèse, Pierrette et Simone, l’effacée du trio, qui découvrent en elles des pulsions nouvelles et amorcent leur passage vers la maturité, vers l’âge adulte. "Les petites filles sont mêlées, troublées. J’ai voulu travailler ça avec les comédiennes: vous êtes sur le bord d’un vide, sur le bord d’avancer et de plonger, ou de reculer et de rester comme vous êtes."

Dans la dramaturgie de Michel Tremblay, ces personnages nous sont donnés à voir plus tard, Thérèse en serveuse alcoolique et Simone en gardienne de toilettes. "C’est ce qui est intéressant dans les personnages de Tremblay. Là, ils sont dans leur enfance, mais on sait pour avoir lu son oeuvre ce que ces filles vont devenir. Ainsi, c’est intéressant de travailler l’intériorité du personnage. Pierrette, c’est devenu une putain de la Main. À 11 ans, elle n’avait certainement pas la langue dans sa poche…"

Il va de soi que cette petite révolution en deux heures sera portée par le langage inimitable du dramaturge québécois: "Cette langue, c’est celle de gens qui ont fait partie de ma vie, de mon enfance et de mon adolescence. L’entendre sur scène donne une force à des gens qu’on pouvait cataloguer d’ignorants, dont il ne vaut pas la peine de parler. Tremblay est capable de les mettre sur une scène avec leur langue et d’en faire des gens extraordinaires. Ça vient me réconforter, moi, ça vient me rassurer sur mon passé."