Claudine Mercier : État de nature
Scène

Claudine Mercier : État de nature

Claudine Mercier est peut-être dans l’champ. Mais, n’est-ce pas le meilleur endroit pour récolter des fleurs?

Le nouveau spectacle de Claudine Mercier, Dans l’champ, profite d’un bon buzz. Dans une mise en scène de Daniel Fortin, metteur en scène de l’année au Gala Les Olivier 2011, c’est un retour sur scène attendu, et applaudi. Après avoir campé les quatre personnages principaux dans le film Idole instantanée (réalisation d’Yves Desgagnés, 2005), elle a vu l’idée d’écrire un nouveau one woman show s’imposer d’elle-même, après une courte pause professionnelle. "J’adore faire rire les gens. Le feeling que j’ai quand le public part à rire… c’est indescriptible. C’est ce qui fait que j’arrive à surmonter ma timidité. Je me souviens encore de ma première fois sur scène, je m’arrangeais pour être aveuglée un peu par les spots, pour être dans ma bulle", dit celle qui a désormais présenté ses spectacles pas moins de 800 fois, devant un demi-million de spectateurs au Québec.

Si sa voix et son talent de comédienne font de ses imitations de véritables petits bijoux, faire rigoler demeure le leitmotiv profond de sa démarche. "J’ai jamais rêvé d’être une rock star. Mais de voir des gens joyeux, avec les yeux qui pétillent et plein de rires, ça pour moi c’est payant, ça me fait du bien, ça me rend heureuse."

Le paysage humoristique québécois s’est énormément enrichi et diversifié dans les trois dernières décennies. Pour une femme, le parcours est encore semé d’embûches, mais être humoriste et vivre de son art est en soi une immense réussite. "Je me sens extrêmement privilégiée de pouvoir continuer à faire de la scène, de faire ce métier-là depuis bientôt 20 ans, dit-elle. C’est grâce, entre autres, à des femmes comme Clémence [Desrochers]. De l’autre côté, c’est sûr que c’est de la pression, du stress. Quand les shows d’avant ont bien fonctionné, le public a des attentes. C’est une question d’orgueil aussi, de vouloir bien faire les choses et d’avoir peur de ne pas être à la hauteur. C’est un puissant moteur autant qu’un paralysant. Les gens connaissent l’humour, les gags, les rouages. Il faut donc être de plus en plus inventif pour faire rire. Alors qu’autrefois on pouvait être plus bitch, maintenant c’est plus politiquement correct. Il faut trouver des sujets qui touchent les gens. C’est un peu ça, Dans l’champ. C’est moi, je suis toujours dans le champ. Je raconte des anecdotes vraies, un peu romancées mais vraies quand même. Ce sont toutes les situations improbables et hilarantes qui peuvent entourer une tentative de retour à la nature. Ne fuit pas la ville et son confort qui le veut! J’ai essayé avec le spectacle d’aller chercher des nouvelles choses, de sortir de ma route sur le plan créatif, pour ne pas me répéter. Plus symboliquement, je trouve qu’on est dans le champ pour ce qui est de l’économie mondiale, de l’environnement, de l’agriculture… notre mode de surconsommation est destructeur. Je ne suis pas moraliste, mais j’ai besoin de soulever le sujet."