Dominique Porte : Carnets de route
Scène

Dominique Porte : Carnets de route

La chorégraphe-interprète Dominique Porte opère un retour attendu à la forme solo avec JE, une biographie du corps entre souvenirs et fantaisies présentée par Tangente.

Débarquée à Montréal en 1989, Dominique Porte s’est d’abord fait remarquer par sa virtuosité d’interprète. En 1993, elle se lance dans la chorégraphie avec une série de solos. Six ans plus tard, elle fonde sa compagnie, Système D. À la fois abstraite et porteuse d’émotions, son écriture se distingue par une rythmique singulière et des mouvements semblant surgis des tréfonds de la mécanique corporelle. Après 11 ans passés à écrire et danser des duos et pièces de groupe comme Plus seule qu’en solo, Exit ou Ulysse et les sirènes, elle réinvestit la scène seule avec JE.

"J’ai toujours vu le solo comme une réponse à la nécessité de dire quelque chose, une forme plus instinctive qui n’a pas besoin d’élaboration ni d’explication, commente la Française d’origine. Avec les années, ce rapport direct à la danse, cette simplicité me manquaient. Et le thème qui m’a amenée au solo me concernait personnellement."

Le thème, c’est l’histoire de la danse inscrite dans son corps et sa pensée. Sa formation en classique, en bharata natyam, en jazz et en technique Cunningham; ses collaborations avec Marie Chouinard, William Douglas et José Navas; ses propres créations et tous les collaborateurs artistiques qu’elle a côtoyés. "Il y a aussi toute la verbalisation qui entoure les créations, ajoute-t-elle. J’ai réalisé que je passais énormément de temps à écrire, que ce soit des choses abstraites, des systèmes de mouvements, des sensations, des émotions, des verbes… J’ai relu dans des carnets plein de choses que j’avais oubliées, parfois super touchantes, et j’ai décidé de commencer par une espèce de biographie dans le corps."

Au fil du processus, elle brouille les pistes de la chronologie et pimente ses mémoires corporelles de soupçons de présent. Les mots qu’elle inscrit sur les feuilles jonchant la scène et sur un grand tableau noir témoignent de son parcours de vie et du cheminement intérieur de la création. Quant au rapport qu’elle entretient habituellement avec la musique live, elle l’a nourri en s’aidant du logiciel GarageBand pour créer une bande-son hétéroclite, composée notamment de sa voix, d’extraits de musiques sur lesquelles elle a déjà dansé et de compositions originales signées Charles Papasoff. Une démarche dont on a très hâte de voir le résultat.