Laboratoire Gestes au Trillium : À tâtons
Scène

Laboratoire Gestes au Trillium : À tâtons

Submergés dans l’expérimentation théâtrale, les trois metteurs en scène mandatés lors du Laboratoire Gestes: hommage aux textes poétiques du Théâtre du Trillium font état de leur  démarche.

Kira Elhers

: "J’ai décidé d’expérimenter autour d’Il n’apparaît pas toujours, et parfois quand on s’y attend le moins du Portugais Abel Neves, l’un des auteurs contemporains les plus lus en ce moment. C’est un monologue de cinq ou six pages qui relate la psychanalyse d’un homme qui affirme, par l’entremise d’une conférence mensuelle, avoir tué sa femme. C’est ce sur quoi on est en train de travailler en ce moment. J’ai voulu me mettre à sa place. Pour être franche, j’ai probablement choisi un texte moins poétique. Ça l’est dans le rythme et dans la façon de livrer les choses, mais ce n’est pas de la poésie conventionnelle. Il y a tellement de façons d’interpréter ce texte."

Magali Lemèle: "Pour ma part, je voulais utiliser Marc-André Charette [qu’on a vu dans Écume l’an dernier au Trillium], qui est marathonien, et la notion de la course, qui amène un rythme incroyable au texte dit par Mary-Eve Fortier. J’ai choisi le poème de Raôul Duguay Le voyage, pour différentes raisons, mais principalement parce que quand je suis tombée sur ce texte pour la première fois, j’ai vu tellement de choses, ça m’a littéralement fait voyager. Un tel exercice devient vraiment hyper motivant, puisqu’il nous fait sortir de notre zone de confort et, en m’attaquant à un texte comme ça, je pourrai retourner au théâtre plus "conventionnel" avec une autre approche."

André Perrier: "Je n’en suis pas à mes premières armes quant à la mise en scène de la poésie; dans le passé, j’ai fait Desbiens à deux reprises, Jean-Marc Dalpé et Jean-Paul Daoust. Je travaille beaucoup avec ce que j’appelle la mise en danger, c’est-à-dire mettre le personnage qui récite dans une situation inconfortable et développer un code unique au texte. Dans ce cas-ci, le texte de l’essayiste et poète Louise Cotnoir s’attarde au personnage d’Alice James, prise dans un étau social, à qui on empêchait toute créativité, ce qui l’a rendue malade. Dans le texte, on évoque beaucoup la cérémonie du thé. Alors, j’ai mis en danger la comédienne Mary-Eve Fortier en la faisant marcher sur des tasses renversées, ce qui amène une action à l’extérieur de l’intrigue, qui ajoute une symbolique très riche."