Ève Garnier et Victoria May : Le prix du nomadisme
La compagnie Danse-Cité ouvre son volet Traces-Interprètes à Ève Garnier et Victoria May qui présentent des oeuvres de quatre chorégraphes sur le thème de la migration dans Straight Right ou l’art d’être Nulle part Ailleurs.
La Française Ève Garnier vivait déjà au Danemark depuis quelques années quand elle y a rencontré Victoria May, originaire d’Ottawa, qui y avait débarqué après une première immigration en Suède. C’était dans les années 1990. À nouveau réunies à Montréal, où Garnier est venue rejoindre la Compagnie Marie Chouinard en 2009, elles ont assuré la direction artistique de deux duos et deux solos présentant des dimensions particulières de leurs expériences migratoires.
"Nous avons choisi des chorégraphes correspondant à des moments assez précis dans nos carrières, commente Garnier. Le Danois Anders Christiansen, qui a suivi notre évolution d’artistes et de femmes, révèle nos individualités dans une oeuvre plus proche de la performance qui parle des choses et des gens qu’on aimait et qu’on a dû laisser derrière nous. Il y a quelque chose de très scandinave dans sa vision du monde, dans le graphisme de son écriture, sa lenteur, sa précision, dans son humour subtil."
"L’autre duo est signé Dominique Porte, qui est la seule à avoir aussi une expérience d’immigration, poursuit May qui était l’une des interprètes d’Ulysse et les sirènes. Sa pièce est presque une série de vignettes, de flashs sur différentes situations, questions, énergies, des instants qui témoignent exactement de cette vie de danseur où, à un moment donné, tu pars pour suivre une compagnie, un chorégraphe, pour découvrir un nouveau pays…"
Pour son solo, May a choisi Louise Bédard avec laquelle elle a mené plusieurs projets de recherche depuis Enfin vous zestes. "Elle a été comme un guide dans un voyage à travers ma mémoire mentale et corporelle pour retrouver les raisons personnelles et professionnelles qui m’ont poussée à passer d’un pays à l’autre." Décisions délicates, problèmes de langue, intégration, joies et frustrations de l’errance font partie des questions abordées.
Garnier, de son côté, a fait appel à Martin Bélanger, qu’elle ne connaissait pas mais qui l’avait fascinée sur scène. "Le solo parle de l’attente entourant la migration (attente des papiers, d’une nouvelle vie, hésitation quant à revenir ou non…), de ces heures où l’on est habité par son passé et son futur, de l’atmosphère particulière dans les bureaux d’immigration… De cette exaltation assez belle qui porte aussi une certaine folie."
Un programme alléchant avec des thématiques au coeur de la société québécoise.