Le grand cahier : Vu au Centre culturel de l’UdeS
Matthieu Petit
Silence total. Après que les jumeaux d’Agota Kristof eurent subverti le public du Centre culturel de l’UdeS avec l’étonnante finale du roman Le grand cahier, les lumières se sont éteintes et personne n’osait applaudir par peur de créer une cassure dans cette exécution théâtrale d’une rare acuité. Il a fallu que les comédiens Renaud Lacelle-Bourdon et Olivier Morin percent la pénombre pour saluer la foule; le geste officialisait la fin de ce récit noir, bercé par le peu d’humanité qui survit en temps de guerre. Permissive tout en étant collée à l’oeuvre originale (culte par son humour acerbe et sa déstabilisante neutralité), la mise en scène de Catherine Vidal impressionne en évitant avec inventivité les pièges de la narration.