Séverine Lombardo : Des corps dans la nuit
Scène

Séverine Lombardo : Des corps dans la nuit

Séverine Lombardo perce la noirceur de trouées de lumière dans Petites pièces de poche: Grandeur nature, une performance pour quatre danseurs et deux musiciens où le public est installé sur scène.

Elles ont beau être jumelles et partager 1001 choses, les deux chorégraphes de la compagnie Les Soeurs Schmutt ont des signatures très distinctes quand elles ne créent pas à deux têtes. Depuis 2006, Séverine Lombardo s’attache à morceler l’espace et à stimuler la sensorialité du spectateur en travaillant à partir de sources de lumière qu’elle fait jaillir de la noirceur pour éclairer des parties de scène et de corps.

"Au début, c’était une façon de créer des zoom in et zoom out comme au cinéma et d’aller chercher un partenaire qui ne soit pas un corps pour développer un autre vocabulaire gestuel et émotif, et susciter des sensations plus kinesthésiques autant chez le danseur que chez le spectateur", explique-t-elle.

Après Switch, présenté dans un espace très réduit, elle creuse sa recherche à l’occasion de divers événements in situ comme 71/2 à part. de La 2e Porte à gauche et crée le premier volet de Petites pièces de poche. Les interprètes y manipulent directement les sources de lumière dans une série de capsules aux univers insolites que le public observe depuis la scène, assurant un lien chorégraphique entre deux tableaux par ses déplacements. Du petit espace de Tangente, il passera à la scène de l’Usine C pour Grandeur nature.

"La spatialisation des spectateurs reste encore limitée, mais j’ai cherché à mieux les intégrer dans la scénographie avec des configurations où ils englobent les danseurs", remarque la chorégraphe, consciente que les attitudes du public restent un facteur de risque. "Le titre vient notamment de l’envie d’une pièce à échelle humaine, qui fasse rentrer dans un rapport d’intimité et révèle encore plus l’individualité des interprètes. Pour moi, elle est pleine de petites confidences, comme si tu rentrais à l’intérieur d’un corps ou d’une tête. C’est une façon de parler de la solitude. Du coup, j’ai intégré la voix et la parole de différentes manières."

La vidéo est une autre nouveauté dans le travail de Lombardo. Par les interactions entre les interprètes et leur image projetée, par le jeu sur les différences de taille, les superpositions, les disparitions, etc., elle expérimente une autre manière de travailler l’espace et les perceptions.