Albert Millaire : Pour toujours
Scène

Albert Millaire : Pour toujours

Depuis cinq décennies, Albert Millaire s’est donné corps et âme dans l’interprétation et la mise en scène d’une myriade d’icônes théâtrales. Le comédien se livre maintenant dans Mes amours de personnages, un spectacle solo conçu pour assurer une certaine pérennité à ces magnifiques histoires.

Dès les premières secondes, Albert Millaire emplit la pièce de sa voix familière et de son impeccable diction, faisant état de la prestance propre à ceux qui auraient tout joué, tout lu. Si bien qu’on n’a pas même le temps de terminer notre première question, à savoir si l’ouvrage Mes amours de personnages, publié l’an dernier, pourrait servir de lecture préalable à celui qui ira voir le comédien et metteur en scène à la Quatrième Salle du CNA, dans le cadre des Contes nomades. "J’ai publié ce livre l’an dernier, coupe-t-il, et comme j’avais un spectacle qui s’appelait Les grands textes de ma vie, j’ai décidé de lui donner le même titre que mon livre. C’est pas nécessairement biographique – il y a des anecdotes et tout ça -, mais ça résume bien une carrière complète d’acteur."

Créée au tournant des années 80 pour pallier le retrait des téléthéâtres de la programmation de Radio-Canada, la première version de Mes amours de personnages ne diffère pas tant de la version proposée par Millaire cette année. "Je me suis dit qu’on n’aura plus l’occasion de jouer ces beaux grands textes-là pour le monde. Je veux faire un spectacle dans lequel je vais me faire plaisir en reprenant ces textes."

Après avoir été présenté dans des dizaines d’écoles secondaires et Cégep au courant des années 90 – "les professeurs disaient qu’ils étaient plates quand ils parlaient d’alexandrins aux élèves, alors que récités par moi, ces textes devenaient intéressants…" se rappelle Millaire -, puis lors d’une résidence à la Maison de thé de Montréal au milieu des années 2000, le spectacle connaît aujourd’hui une autre vie. "C’est agrémenté de poèmes, de choses marrantes… C’est à la fois sérieux et drôle."

"Je passe beaucoup de temps dans le 17e siècle. Le grand siècle. Je sais qu’on fait beaucoup de création ces temps-ci, mais ici et là, on voit un nouveau Andromaque, on remonte L’école des femmes de Molière… Ces classiques font partie de notre patrimoine", affirme celui qui a déjà revêtu les parures de grands personnages iconiques comme Hamlet, Don Juan, Tartuffe, Cyrano.

"Y a des personnages extraordinaires que j’ai joués qui ne font pas partie du spectacle, souligne Millaire. Parce que, dans certains cas, il n’y a pas de texte ou de monologue que je peux faire sans mise en contexte préalable. Donc, je ne fais pas Hamlet – le monologue "Être ou ne pas être" sans son contexte, ça ne fonctionne pas -, Lorenzacio, et bien d’autres. Ça prendrait trop de temps!"

À propos de sa discipline de carrière, celle qui lui permet de tenir le coup de ses 90 minutes seul sur scène, Millaire défend: "Je n’ai jamais été autrement que comme ça, très discipliné."

Il conclut: "Quand c’est la journée du spectacle, je ne fais strictement rien. Je mange des pâtes, parfois je me "booste" aux vitamines. J’ai toujours un peu le trac. Je remercie la nature et les médecins qui m’ont gardé en vie, et m’ont permis de profiter de mon métier de la sorte."