Dominic Paquet : Vu au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke
Au Québec, deux types d’humoristes se disputent les billets verts des spectateurs: ceux qui mettent au service d’une parole, d’un texte, leurs mimiques, singeries et torsions (Louis-José Houde et Martin Petit), et ceux qui enrobent d’un semblant de parole, de texte, leurs mimiques, singeries et torsions, pour le meilleur (Anthony Kavanagh) et pour le pire (Rachid Badouri). Dominic Paquet, qui présentait en supplémentaire Paquet voit le jour!, son deuxième solo, au Centre culturel de l’UdeS jeudi dernier, appartient indéniablement à la deuxième catégorie.
Le format stand-up comique classique qu’il adopte ne devrait donc pas nous leurrer: les observations de Paquet ne servent la plupart du temps que de tremplins à la reconstitution de situations comiques. Plutôt que de raconter une visite dans un spa, Paquet jouera ainsi carrément la scène, caricaturant les gestes et les inflexions de la réceptionniste trop relaxe et du client inhibé. Son travail sur la voix rappelle en ce sens François Pérusse (à la nuance près que Paquet, lui, fait tout en direct sans l’aide d’une console).
C’est lorsqu’il décolle carrément de la réalité pour flirter avec l’absurde que Paquet creuse un sillon singulier (son numéro des animaux devant Dieu met en valeur toute sa capacité à composer un personnage pissant en une grimace). Parce que dès qu’il touche à une réalité plus concrète, dès qu’il essaie de commenter sérieusement, Paquet agace (je me retenais à deux mains pour ne pas lui renvoyer un de ces "Ta yeule!" dont il pimente le spectacle pendant son numéro sur l’art contemporain). Somme toute très sympa.