Crystal Pite : Vertiges de l’amour
La Vancouvéroise Crystal Pite, chorégraphe chérie des Québécois, est à l’affiche du FTA avec The You Show, une oeuvre où elle cherche à mettre le spectateur dans la peau des danseurs.
De Montréal, elle dit que c’est sa deuxième maison. Il faut dire qu’elle y a fait sa place, entre les deux ans de résidence à BJM Danse, le solo créé pour Louise Lecavalier et les invitations systématiques à venir présenter les oeuvres qu’elle crée depuis 2001 au sein de sa compagnie, Kidd Pivot. Danseuse magnifique, Crystal Pitese distingue par une gestuelle où grâce et fluidité s’encanaillent en jouant avec les principes d’isolement et de désarticulation et par le choix d’excellents interprètes pour servir ses créations. Ce facteur de succès est démultiplié par des pièces théâtrales aux trames narratives souvent surprenantes et par un humour toujours rafraîchissant.
« En tant que danseuse autant que chorégraphe, je ressens toujours le besoin de savoir pourquoi je fais tel mouvement ou telle séquence chorégraphique, ce que le corps peut dire sur un sujet que rien d’autre ne pourrait exprimer, explique-t-elle. Mon processus commence toujours par une curiosité pour un thème, se poursuit par une recherche pour creuser ce que ces idées signifient pour moi, et ensuite vient la question de comment utiliser les corps pour aborder le sujet. »
Effondrement émotionnel
Constitué de quatre courtes pièces, The You Show a débuté par l’idée d’effondrement émotionnel. Cela a donné lieu à A Picture of You Falling, une histoire de rupture amoureuse que Pite cherche à faire résonner dans le corps et le coeur du public par le truchement d’une bande sonore évocatrice et d’un commentaire en voix off. Difficultés relationnelles et dualité intérieure ont inspiré les autres créations avec une désopilante caricature de dispute conjugale dans A Picture of You Flying.
Neuf danseurs parmi les meilleurs occupent successivement la scène, la plupart du temps en duo, alors que l’une des forces de la chorégraphe est le travail de groupe. « J’avais envie de donner plus de visibilité aux danseurs, justifie-t-elle. De leur donner l’occasion de s’approprier une pièce complète et d’en avoir la responsabilité. C’est une équipe vraiment phénoménale, je les adore. »
Grâce au soutien financier de la région Francfort/Rhin-Main, en Allemagne, où Kidd Pivot est en résidence pour trois ans, Pite peut salarier ses danseurs, parmi lesquels Éric Beauchesne et Anne Plamondon. Un privilège, dit-elle, qui lui a permis de s’aventurer dans de nouvelles avenues et de prendre plus de risques.