Pomme : La bonne pomme
Scène

Pomme : La bonne pomme

Isabelle Payant, du Théâtre des Petites Âmes, cueille Pomme, au grand émerveillement des tout-petits.

Dans les petits pots, les meilleurs onguents, disaient nos grands-mères. Dans les petits spectacles, les meilleures histoires, concluront peut-être les parents au sortir de Pomme, nouvelle création du Théâtre des Petites Âmes, qui manipule micro-marionnettes et micro-objets afin de susciter un émerveillement néanmoins tout à fait macro. "C’est l’histoire d’une pomme qui souhaiterait être plus qu’une pomme et qui apprend à être juste une pomme", raconte Isabelle Payant, comédienne et directrice artistique de la compagnie, sur le ton de celle qui entretient toujours un dialogue fécond avec sa fillette intérieure. "On suit une pomme dans ses questionnements, dans un univers assez épuré, qui se construit et se déconstruit à l’aide de nombreux cubes."

Cette pomme et ces cubes, même animés par des mains expertes, même mis en scène par Patrick Conan, c’est assez pour enchanter des gamins (le spectacle s’adresse aux enfants d’au moins trois ans) dont on déplore, non sans alarmisme, la capacité d’attention réduite à peau de chagrin? "On n’a pas besoin de grand-chose pour inventer des bonnes histoires. Parce que c’est ça l’important, han, raconter des bonnes histoires, et ne pas trop prendre les petits pour des petits. Le meilleur exemple, c’est qu’on a tous été enfants et qu’on a tous regardé Sol et Gobelet. Il y a Walt Disney, c’est sûr, mais on n’a pas besoin d’être Walt Disney pour captiver. On peut faire appel à plein de choses."

À l’ère de Justin Bieber en 3D avec son super surround, le théâtre jeune public se replie ainsi sur ce qu’il sait faire de mieux: évoquer, suggérer. Less is more, quoi. "Il y a quelque chose qui ne cesse de me fasciner dans un objet qui prend vie, ça m’émeut encore beaucoup. Suffit de deux ou trois objets, tu les mets ensemble, tu les fais bouger et, tout d’un coup, ils ont une existence. Ce transfert-là, c’est merveilleux, les enfants embarquent très facilement."

"Les adultes sont émus aussi", rappelle Isabelle, bien instruite de l’intense émotion qui transporte les petits mousses absorbés par une histoire. "Ils assistent à deux spectacles: celui qui se déroule sur la scène et celui que donnent leurs enfants assis dans la salle."