Britannicus Now : L'opinion des autres
Scène

Britannicus Now : L’opinion des autres

Pour discuter de Britannicus Now avec Ariane Bisson McLernon et Érika Tremblay-Roy, Voir leur a donné rendez-vous un midi, au fond d’une cour d’école secondaire.

Le lieu. Une cour d’école privée pour filles. Il pleut. Mis à part une clique qui chante du Katy Perry à l’abri, l’endroit est désert.

Les protagonistes. Un journaliste inquiet de l’imperméabilité de son enregistreuse, et deux comédiennes. L’une d’elles possède un parapluie.

La raison du rancard. Retour sur scène de Britannicus Now de Marilyn Perreault, récipiendaire du prix Louise-LaHaye 2011 qui récompense l’écriture dramatique pour jeune public. Conçue avant la récente conscientisation à l’égard de l’intimidation, la pièce raconte les luttes de pouvoir au sein d’un groupe d’élèves qui monte le Britannicus de Racine. Ariane Bisson McLernon y joue l’exclue, et Érika Tremblay-Roy, sa tortionnaire.

Voir: Quel genre d’ados étiez-vous?

Ariane: "J’ai été dans tous les clans. Les cool qui écoeuraient, les sportifs, les artistes, les geeks… Je me suis aussi fait rejeter. J’ai eu ma phase sans amis."

Érika: "Je me suis fait un peu écoeurer, mais j’avais une amie pour qui c’était très difficile. Je la défendais en me tenant avec elle."

Vos personnages sont-ils inspirés des adolescentes que vous étiez?

Ariane: "Je ne me suis jamais mise en marge volontairement comme Britanny, mais ça m’habitait. En fait, j’admirais de loin ceux qui le faisaient, qui ne se définissaient pas par leur groupe. Britanny, elle se définit par les mots, les arts. C’est ce qui l’allume."

Érika: "Delphine, c’est un personnage terrible, mais je la défends. Même si je n’ai jamais été agressante avec les autres, je puise dans ma colère."

L’intimidation: un passage obligé de l’adolescence?

Érika: "Peut-être, mais il faut intervenir, car ça peut aller loin. C’est grave parce que des ados de tous les âges en souffrent."

Est-ce que la pièce propose des pistes de solution? Britanny a-t-elle l’occasion de s’en sortir?

Ariane: "Dans le fond, elle s’en sort plutôt bien sans amis. Elle a fait une croix là-dessus. Elle a son repaire, et c’est Justine [interprétée par Marilyn Perreault] qui la sort de son petit monde."

Érika: "En voulant l’aider, elle la fragilise. Elle la force à s’ouvrir et ça crée une brèche."

Ariane: "Mais Britanny avait aussi le désir de s’affirmer. Elle a voulu le premier rôle de la pièce de l’école. Parfois, les marginaux qui décident de prendre leur place, ça déstabilise ceux qui se définissent par l’opinion des autres."

[La cloche de l’école sonne la fin de l’heure du dîner.]

Qu’est-ce que cette cloche évoque pour vous? Du bon ou du mauvais?

Érika: "Les deux. C’était une jungle, et j’en suis sortie vivante. C’est un souvenir à la fois terrible et beau."

Ariane: "Pour moi, la cloche signifiait que j’étais en retard. J’oubliais souvent mon cahier…"