Albertine en cinq temps : Du retour à Tremblay
Le Théâtre Mic Mac de Roberval revient à son auteur fétiche en présentant Albertine en cinq temps.
Considérée par plusieurs comme le chef-d’oeuvre de Michel Tremblay et du répertoire québécois, la pièce Albertine en cinq temps met en scène cinq voix différentes du même personnage à cinq époques de son existence (de sa rage intérieure à sa résignation à la vie), dialoguant avec sa soeur disparue. Un personnage terriblement humain qui, comme dans les grandes tragédies, se définit par ses failles et ses faiblesses, jusqu’à l’autodestruction.
"Cette pièce, ça fait longtemps qu’on y pense. On l’a déjà faite en lecture publique et, au fond, elle a toujours été, chez nous, en attente d’être montée", mentionne le metteur en scène Réjean Gauthier pour expliquer ce choix plus classique – mais néanmoins ambitieux – par rapport aux années précédentes.
C’est lui qui a proposé ce projet à la troupe, d’abord mû par une véritable passion (partagée par tous) pour Tremblay, puis pour marquer une série de dates importantes à ses yeux: son 65e anniversaire, ses 40 ans de pratique au Mic Mac, et les 20 ans d’occupation, par ce théâtre, de son lieu de production actuel, la salle Lionel-Villeneuve. "Je trouvais que les circonstances s’y prêtaient. En plus de tout ça, ça reste un formidable personnage féminin qui se raconte, qui est misérable sans être misérabiliste, qui aborde plein de sujets d’actualité: la famille, les aspirations déçues, la vieillesse, la dépression."
Du pluriel au singulier
Ce texte magistral, puissamment dramatique, sera porté avec conviction par six comédiennes expérimentées: France Donaldson, Francine Joncas, Jocelyne Simard, Joan Tremblay, Mélanie Tremblay et Sonia Tremblay.
"C’est un texte difficile. Même si c’est écrit de façon plutôt réaliste, on se retrouve rapidement dans un univers complètement surréel, éclaté, où les voix se multiplient, où le personnage converse avec lui-même à différents âges, et c’est là, le défi: faire comprendre que ces femmes qu’on voit sur scène, ce sont toutes la même femme."
Dans un espace en forme de spirale – conçu par le scénographe Christian Roberge et éclairé par Gervais Arcand -, les cinq époques seront représentées par seulement cinq fauteuils caractéristiques, comme autant d’aires de jeu métonymiques où la partie vaut pour le tout. Les comédiennes évolueront avec le souci de marquer dans leur jeu une ressemblance certaine, "soit par un geste récurrent chez chacune, soit par une attitude générale, soit par l’accessoire unique que chacune a, un accessoire qui peut se porter aux lèvres pour se réconforter: une cigarette, une tasse de thé, une pilule, etc."
"Et le mot d’ordre pour tous, pour mes comédiennes et mes collaborateurs, c’est: épurer, ajoute-t-il. On va laisser le plus de place possible à ce texte."