Mourad Merzouki : De la banlieue aux bidonvilles
Scène

Mourad Merzouki : De la banlieue aux bidonvilles

Le Français Mourad Merzouki débarque avec 11 danseurs des favelas de Rio pour déjouer le froid avec Correria et Agwa. Une danse contemporaine pétrie de samba, de hip-hop, de capoeira et de bossa-nova.

Enfant de la banlieue lyonnaise, Mourad Merzouki fait partie des pionniers qui ont porté le hip-hop de la rue à la scène. Formé dès le plus jeune âge aux arts martiaux et aux arts du cirque, il découvre le hip-hop à 15 ans et le marie d’emblée aux jongleries et équilibres. À 16 ans, il cofonde Accrorap, sa première compagnie, avec trois autres artistes. Leur originalité séduit, les portes des théâtres s’ouvrent et leur danse s’imprègne de nouveaux styles.

"Le public de la danse contemporaine nous a très bien reçus et notre démarche a été soutenue par les professionnels qui voyaient là quelque chose qui pouvait évoluer, raconte-t-il. Au début, nous avons été boudés par les puristes du hip-hop, qui était plutôt revendicateur, mais ça m’était égal parce que je dansais et je créais par plaisir, sans me poser la question des fondamentaux de cette culture que je rejoignais pourtant. Né en France, mais d’origine maghrébine, j’étais animé par l’idée de positiver et de trouver ma place dans la société par l’art."

Deux décennies plus tard, Merzouki est reconnu en France, où il dirige un des 19 centres chorégraphiques nationaux (il y a installé sa Compagnie Käfig), et son succès international se traduit notamment par cinq spectacles en tournée et 47 pays visités. Correria et Agwa, comme sa collaboration avec le Cirque Éloize pour ID, sont le reflet de la diversité de ses activités.

Athlétiques et dynamiques, ces oeuvres témoignent de l’évolution de son écriture, de sa maîtrise du métissage et de son inventivité. S’adaptant aux conditions difficiles de la création au Brésil, le chorégraphe a fait des miracles avec de simples gobelets remplis d’eau, des bâtons et des chaussures. En choisissant une musique des pays de l’Est, il a écarté la tentation du cliché pour exalter l’humanité vibrante des 11 jeunes danseurs.

"Un élément qui me paraît essentiel dans la danse, c’est qu’elle puisse être généreuse comme ils la proposent, eux. Et le hip-hop, c’est justement une danse spontanée qui se partage. Je ne fais pas partie de ces chorégraphes engagés qui traitent d’un thème sociétal ou politique, d’une histoire personnelle. Je mets en avant l’image, la poésie, le visuel. Je ne revendique rien." Sauf, peut-être, ce droit de prendre du plaisir et d’en donner.