Aleksandar Antonijevic : À travers la lentille

"Nous, les danseurs de ballet, avons une obsession pour nos pieds. Tous les jours, tout le temps, explique d’emblée le danseur Aleksandar Antonijevic. Ils sont si cruciaux pour l’expression. En plus, les danseuses doivent porter des pointes, alors elles deviennent obsédées par la corne, les oignons et les ongles incarnés, doivent chaque jour panser et panser à nouveau leurs pieds. Les gens ne se doutent pas de ce que nous vivons quotidiennement."

C’est justement cet aspect de l’arrière-scène que le danseur a capturé dans Pieds et miroirs (Feet & Mirrors), une exposition de photos présentée au CNA alors que le danseur tiendra la vedette dans l’acclamée interprétation du Ballet national du Canada du Seagull (La mouette) à la salle Southam.

Antonijevic se mouvra alors en empruntant les toilettes de Trigorin, un personnage pivot du ballet d’Anton Tchekhov. Un peu comme ce dernier, qui jonglait entre ses études de physicien et son intérêt pour la dramaturgie, le danseur parvient à concilier ses deux passions, et ce, même s’il affirme que la photographie prendra toute la place lorsque le temps sera venu de tirer sa révérence du Ballet national – lui qui célèbre ses 20 ans parmi la troupe. Il conclut: "On passe des journées entières nus, en lycra, à se regarder dans le miroir, à vouloir être parfaits. Comme je suis leur collègue, les danseurs sont plus à l’aise de se faire prendre en photo. Le fait que je sois celui qui contrôle l’objectif leur apporte sans doute un grand sentiment de sécurité."