Jean-Michel Girouard / Amours écureuils : La saison des amours
Avec Amours écureuils, le comédien Jean-Michel Girouard signe un texte à saveur printanière et actuelle. Le sujet, lui, est aussi immémorial qu’indéchiffrable.
Il était une fois la vingtaine. Et Alex qui se présente chez son ex pour lui rapporter ses affaires dans une boîte. Dans l’appartement, il la trouve endormie. "Agathe, ne sachant comment réagir, feint le sommeil, et Alex décide de lui raconter leur histoire, car il ne veut pas qu’elle se perde, précise Jean-Michel Girouard. "Ce serait plate qu’on oublie ce qu’on a vécu ensemble.""
Entre le rappel des bons moments et l’aveu des vérités tues, Amours écureuils se déploie avec deux comédiens, et tout en mots, pari dont les risques n’ont pas échappé à l’auteur. "Avec Vincent Champoux à la mise en scène, on a voulu amener le texte à un niveau plus dynamique, conscients des dangers de la stagnation. D’un autre côté, j’ai visé une écriture très concrète, un langage de tous les jours qui, comme dans un conte, permet au spectateur de garder le fil."
Au nombre des risques s’ajoute également la proposition de départ: une histoire d’amour, comme il y en a des milliers. "Le propos de la pièce va au-delà de juste "un homme et une femme". Ça parle d’engagement, et de communication. Quand tu analyses Alex et Agathe, il y a ce constat: "On ne s’est pas parlé". Il faut communiquer, on le sait tous, mais on ne sait pas tant que ça comment, quelle est la bonne façon."
L’auteur, s’il se défend d’avoir voulu dresser un portrait générationnel, constate néanmoins que son récit s’inscrit dans un mouvement dépassant l’anecdote personnelle. "Autour de moi, il y a quelque chose comme un courant. Plusieurs ont de la misère à être en couple, ou alors à dépasser le cap des six ou sept ans; on n’est plus capables de rester ensemble aussi longtemps que nos parents. Souvent, on lâche prise sans avoir fourni les efforts nécessaires. On est dans la génération MusiquePlus, iPod; on a ce qu’on veut instantanément, et dès qu’il y a un pépin, "ça marche pus, allez, out"! On laisse aller les choses plutôt que d’accepter l’inconfort. Vivre à deux nous renvoie à nous-mêmes, ce qui est plus difficile qu’on croit."
Dur dur, le couple. Cynique, on en viendrait à se demander pourquoi il est si convoité. "Pour aller plus loin. On cherche toujours un sens à notre vie. Je ne dis pas que le couple est le sens de la vie, mais ça nous donne peut-être une petite poussée pour continuer à le chercher."