Leçon d'hygiène, bestialités et mets canadiens : Le bûcher des vanités
Scène

Leçon d’hygiène, bestialités et mets canadiens : Le bûcher des vanités

Avec Leçon d’hygiène, bestialités et mets canadiens, Michel Monty convie des auteurs et comédiens à un happening burlesque pour rire de la prétention des artistes.

L’art et la société se côtoient et se nourrissent sans toujours se comprendre, sans toujours se voir. Pendant que le théâtre québécois crie à la résistance, à la révolte et à la mobilisation comme un écho à la rue, la création collective mise en scène par Michel Monty vient visiter par l’humour le statut de l’artiste engagé. "Ce sont des artistes qui se réunissent pour mettre à mort quelqu’un et créer une révolution artistique qu’on tourne un peu en dérision. On se moque des artistes qui se prennent trop au sérieux et du côté moralisateur du théâtre, qui prêche souvent aux convertis, contre la guerre, le sexisme ou le racisme."

Après un séjour du côté du théâtre réaliste de La Manufacture comme metteur en scène (La société des loisirs, Gagarin Way), et du cinéma (Une vie qui commence), Monty avait envie de plonger dans l’univers décalé et éclaté propre au théâtre. Il a invité trois auteurs comédiens (Simon Lacroix, Justin Laramée, Mathieu Quesnel) à écrire chacun une partition pour créer une oeuvre originale où les spectateurs sont conviés dans une galerie d’art à une sorte de gala sacrificiel organisé par des artistes très tendance. "Il y a Zoutan, l’artiste qu’on ne voit jamais, qui se cache derrière une aura; un poète, qui incarne l’artiste au-dessus de la masse; un chorégraphe, artiste ultra-engagé qui fait de la danse dans le métro pour révolutionner le monde. On s’amuse avec les stéréotypes pour dénoncer le culte de l’image et de la personnalité de l’artiste, à laquelle on accorde souvent plus d’importance qu’à l’oeuvre. Le show questionne ça: est-ce que l’artiste doit s’intéresser à la société, ou la société s’intéresser à l’artiste? Est-ce que l’aura d’un créateur peut lui permettre de faire et de dire n’importe quoi?"

Aux côtés de Princesse PowPow, artiste du burlesque sourde-muette, et de L’enfant sauvage, virtuose du dessin, se tient Igor, livreur de pizza qui s’offre en sacrifice au nom de la Révolution artistique. "C’est un gars ordinaire pour qui l’art, c’est la beauté qui sert à rendre les gens heureux. Il est en porte-à-faux avec les artistes du show, qui représentent l’élite et se prétendent supérieurs avec des propositions artistiques hermétiques où les gens ne se sentent plus concernés. Au théâtre, il faut émouvoir et faire rire. Il y a une manière d’être intelligent et de divertir", défend le codirecteur (avec Brigitte Poupart) de Transthéâtre, une compagnie qui ne s’est jamais cantonnée dans une forme. Après le What’s Next (FTA 2011) et Les cabarets insupportables (de 2007 à 2010), la compagnie se lance dans une fête burlesque, une sorte de "théâtre de la guérison" pour artistes menacés d’être engloutis par leurs images.