Le temps des muffins / Petits bonheurs Sherbrooke : L’ingrédient secret
Entretien avec Joël da Silva, créateur de la pièce Le temps des muffins, un spectacle multigrain pour les quatre à huit ans, présenté dans le cadre des Petits bonheurs Sherbrooke.
"Essentiellement, au théâtre, on fait de la poésie. On est des poètes", lance Joël da Silva. Poète… V’là donc un autre couvre-chef à ajouter sur la tête de celui qui combine déjà les rôles d’auteur, de metteur en scène et de comédien dans Le temps des muffins, pièce de théâtre pour enfants gourmands (ils le sont tous) qui obtient beaucoup de succès partout où elle passe.
Or, c’est une toque que le personnage de da Silva porte sur scène, car dans Le temps des muffins, eh ben, il cuisine de véritables muffins! "C’est le prétexte, la trame qui me permet de faire des détours. Mon personnage l’annonce au début, "Je vais faire des muffins!", et à la fin, les muffins sont cuits. On me dit que le spectacle donne aux enfants une folle envie de faire des muffins, mais là n’est pas mon but…" Quel est ce but? "Je voulais que ce soit la fête, que ce soit un peu fou. Mon grand plaisir, c’est de créer de la magie, des moments drôles. C’est un espace de liberté."
Il est vrai que la cuisine représente un univers de possibilités. "Si on faisait l’anatomie d’une maison, la cuisine serait le coeur. C’est là qu’il y a le feu, l’eau… Tout passe par la cuisine! Cuisiner, c’est tellement un beau don… et tous ceux qui mangent en profitent!"
SYNTAXE CLOWNESQUE
Si on confiait une émission de cuisine au chef du Temps des muffins, Ricardo aurait de la rude compétition… "C’est un cuisinier avec une grande fantaisie, et un côté sophistiqué qui a pris forme lors des répétitions. Avec sa grande veste blanche, il se veut très fier, mais il est aussi touchant, maladroit… C’est un clown!" Et les enfants l’aiment? "Oh que oui! En tout cas, il les fait rire!"
"Des choses extraordinaires se passent dans sa cuisine, poursuit-il. Par exemple, le sucre tombe du plafond, mais lui ne fait pas une histoire avec ça. C’est son univers familier. Et il y a le souvenir de tante Léa qui est dans l’une de ses armoires; sa tête est sous une cloche à fromage… Cette tante, c’est elle qui avait la recette des muffins parfaits."
Pour concevoir le "show parfait", Joël da Silva a choisi de bons aliments musicaux (de Mozart jusqu’à Aline de Christophe), mais l’ingrédient secret se trouve dans la partition de mots qu’il orchestre avec un niveau de langage relevé. "Ce n’est jamais une syntaxe relâchée. J’aime la belle écriture. Dans Le temps des muffins, tout parle. Même le bruit des culs-de-poule fait partie de l’écriture. Les mots sont liés aux actions."
Et les muffins faits sur scène, sont-ils bons? "Bien sûr! Mais on ne peut pas les offrir au public; il nous faudrait une usine à muffins!"
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PETITS BONHEURS SHERBROOKE
Membre active de la fourmilière des Petits bonheurs Sherbrooke, Érika Tremblay-Roy témoigne d’une grande affection pour les spectacles qui s’adressent aux tout-petits. Du théâtre créé tout spécialement pour ceux qui ont encore la couche aux fesses, c’est rare au Québec. "C’est vrai que c’est nouveau. Ici, ça émerge depuis 4 ou 5 ans, alors qu’en Europe, plusieurs compagnies en font depuis 15 ou 20 ans."
Pour Érika, deux incontournables. Le premier: Flots (pour les 18 mois à 3 ans, le 6 mai au Vieux Clocher de l’UdeS, à 9h30 et 11h). "Ça se déroule dans une tente. Les enfants passent par un petit parcours pour y accéder. C’est un spectacle sensoriel sur la mer, l’eau, le voyage. Une série de cartes postales, avec un comédien et un musicien."
Et le second: HA DEDE (pour les 1 à 3 ans, le 4 mai à la salle du Parvis et le 5 mai au Tremplin, à 9h30 et 11h). "Une coproduction Belgique-Hongrie qui n’est encore jamais venue au Québec. Un duo qui manipule des formes géométriques. C’est sur la découverte de l’autre, la naissance d’une amitié, mais à travers le jeu. Il y a aussi de la chanson."
"Ces shows pour bébés, ce sont souvent des premières pour les parents. Ça donne une saveur à l’événement." Mais Petits bonheurs s’adresse également aux "plus vieux" (jusqu’à 10 ans), notamment grâce à une programmation d’ateliers inusités, offerts par des artistes établis. Par exemple, pour les jeunes créateurs: "Dessiner la musique", avec Steve Saint-Pierre (le 28 avril à 11h, à la Maison de la culture de Brompton). Et pour ceux qui en ont dedans, qui aiment bouger: "Dompter des dragons" (le 29 avril à 11h et 14h, à la salle du Parvis). "Ce sera un atelier très physique, pour les petites bêtes qui bougent", précise Érika.
Pour tous les détails de la programmation: www.petittheatre.qc.ca.